Printemps (retour de)
La triste écorce des jours de loin,
écorchée d'horizon blanc,
recrache soudain le hapchot
dans un éclat de silence.
De Sabres à Commensacq,
le gemmeur ne voit plus la route
essoufflée sous la lande.
Alors il garde la sève secrète
de ce retour de guerre saisonnière
blottie dans son veston
comme une balafre ;
une écuelle vide pour attirer les loups
qui rôdent encore autour des dunes
du pays de Born.
Les gens d'ici sont des animaux blessés.
Braves et inhospitaliers.
On raconte que les pèlerins
en partance vers l'Espagne
cheminaient sur ces terres de sables
avec les yeux hagards des fantômes
traversant les limbes.
Le fardeau de leur terreur
écrasant leur foi sur leurs épaules.
— Dans mes carnets d'ici / écrire des fragments —
(Photogtaphie : Félix Arnaudin, 1880)