Procès
Cinq ans après, les cons ne sont plus Charlie. Et c'est « temps mieux »... Aujourd'hui, au delà du procès des fantômes des frères K, s'ouvre le procès de la lâcheté, celui de la petite France mesquine qui, du bout des lèvres, ose encore murmurer « oui, mais... ils l'ont bien cherché avec leurs vilains dessins... ». Aujourd'hui, s'ouvre le procès de ce pays de couards qui a réhabilité le péché de blasphème en rendant la satire et la raillerie suspectes et le rire illicite. Le procès de ce pays de tristes cons qui sacralise l'intolérance, la délation, le lynchage médiatique, la présomption de culpabilité, la vindicte populaire, la censure, l'importation US de la cancel culture... et qui a mis définitivement au pas – en seulement cinq ans – une société de libertés qui permettait de critiquer et de se moquer librement de tout ; de toutes les religions, de toutes les croyances, de toutes les idéologies, de tous les particularismes et de tous les mots en isme. Si les cons ont presque gagné, ça ne veut pas dire que Charlie a perdu. L'audience est ouverte, vous pouvez vous asseoir. Les survivants vont témoigner debout.
— Dans mes carnets, fragments —
(Dessin de Charb, 9 novembre 2011 / Charlie Hebdo N°1012)