AtWork (...)
— Table de travail, septembre 2020, nouveau livre toujours en cours / page 150 —
(Thierry Murat © Futuropolis / Parution prévue aux alentours de l'an de grâce 2021)
— Table de travail, septembre 2020, nouveau livre toujours en cours / page 150 —
(Thierry Murat © Futuropolis / Parution prévue aux alentours de l'an de grâce 2021)
Selon un récent sondage d'opinion, il paraîtrait que le hachoir – à l’instar de la francisque du maréchal – serait un outil beaucoup moins dangereux pour la population qu'un méchant dessin de presse satirique. Cette prophétie amère et définitive nous amène inévitablement vers une multitude de questions en suspension... La couardise est-elle une valeur morale ou républicaine ? La soumission est-elle une sublimation de la prudence ou bien le cheval de Troie du totalitarisme ? Un pays de lâches est-il objectivement plus courageux qu'une caricature ?... Le bon vieux Robert Zimmerman aimait chanter que les réponses sont toujours soufflées dans le vent.
— Dans mes carnets, fragments —
« L’être commencé homme s’achève abstraction. Tout à l’heure il avait du sang dans les veines ; maintenant il a de la lumière, maintenant il a de la nuit, maintenant il se dissipe. Saisissez-le, essayez, il a rejoint le nuage. Du réel rongé et disparaissant sort un fantôme comme du tison une fumée. Tel est ce monde, autant lunaire que terrestre, éclairé d’un crépuscule. Quant à la quantité de comédie qui peut se mêler au rêve, qui ne l’a éprouvé ? On rit endormi.
L’assoupissement du corps est-il un réveil des facultés inconnues, et nous met-il en relation avec les êtres doués de ces facultés, lesquels ne sont point perceptibles à notre organisme quand la bête le complique, c’est-à-dire quand nous sommes debout, allant et venant en pleine vie terrestre ? Les phénomènes du sommeil mettent-ils la partie invisible de l’homme en communication avec la partie invisible de la nature ? Dans cet état les êtres, dits intermédiaires, dialoguent-ils avec nous ? Jouent-ils avec nous ? Jouent-ils de nous ? Ce n’est pas ici le lieu d’aborder ces questions, plus scientifiques que ne le croit l’ignorance d’une certaine science. »
— Victor Hugo, 1864 / Le Promontoire du Songe —
(Dans mon Digital Revio, fragments lunaires on ze road)
— Charlie Hebdo n°339 / mai 1977 —
(Dessin de couverture : Georges Wolinski / Né en juin 1934.
Décédé le 7 janvier 2015, exécuté par balles à l'âge de 81 ans,
à Paris au XXIème siècle...)
« Toiles, bois, pierres humides,
pays poursuivi par l'eau,
comme la femme nocturne,
la beauté pluvieuse et chaude. »
— Philippe Jaccottet / « L'ignorant », 1958 (extrait) —
(Dans mon atelier, monotype sur papier Velin d'Arches)
En tout état de cause,
« pouvoir » et « achat »
sont deux mots
tellement fades
pris individuellement,
qu'il serait folie d'espérer
obtenir une merveille
poétique
d'enchantement
féérique
en les associant,
à brûle pourpoint,
à l'aide d'un d possessif
chamarré d'une apostrophe
à l'agonie.
Cela va sans dire...
— Dans mes carnets, fragments lexicaux —
Qui plus est,
qu'il est triste
et laid
le vilain petit
chant militant
de l'humanité
perdue
qui, de surcroît,
espère
sans espoir.
Si j'ose dire...
— Dans mes carnets, fragments —
— Table de travail, août 2020, nouveau livre toujours en cours / page 130 —
(Thierry Murat © Futuropolis / Parution prévue aux alentours de l'an de grâce 2021)
J'aime quand les jours
raccourcissent.
J'ai le sentiment
que ça laisse davantage
de temps au silence.
Mais ce n'est qu'un leurre ;
le silence se fout royalement
des calendriers.
J'entends gueuler dehors.
Ils veulent encore qu'on les aime.
J'ai pas envie.
Le ramollissement
de la courbure
de l'espace-temps
devrait nous permettre,
en théorie,
de voir plus loin que l'habitude ;
ce qui est peut-être un progrès,
finalement.
Ne voir que les yeux
sur les figures des figurants
me suffit.
La bouche est souvent plus sale
qu'un trou du cul.
Quant au nez, c'est l'idiot du visage.
— Dans mes carnets, fragments —
(Dans mon Digital Revio, Opensky)
— Dans mes carnets, petits fragments nietzschéens —
(* disponible en avant-première sur tous les meilleurs campus de sciences po)
Cinq ans après, les cons ne sont plus Charlie. Et c'est « temps mieux »... Aujourd'hui, au delà du procès des fantômes des frères K, s'ouvre le procès de la lâcheté, celui de la petite France mesquine qui, du bout des lèvres, ose encore murmurer « oui, mais... ils l'ont bien cherché avec leurs vilains dessins... ». Aujourd'hui, s'ouvre le procès de ce pays de couards qui a réhabilité le péché de blasphème en rendant la satire et la raillerie suspectes et le rire illicite. Le procès de ce pays de tristes cons qui sacralise l'intolérance, la délation, le lynchage médiatique, la présomption de culpabilité, la vindicte populaire, la censure, l'importation US de la cancel culture... et qui a mis définitivement au pas – en seulement cinq ans – une société de libertés qui permettait de critiquer et de se moquer librement de tout ; de toutes les religions, de toutes les croyances, de toutes les idéologies, de tous les particularismes et de tous les mots en isme. Si les cons ont presque gagné, ça ne veut pas dire que Charlie a perdu. L'audience est ouverte, vous pouvez vous asseoir. Les survivants vont témoigner debout.
— Dans mes carnets, fragments —
(Dessin de Charb, 9 novembre 2011 / Charlie Hebdo N°1012)