Atlas
La géographie des profondeurs
retient la verticalité du silence.
Elle cartographie
l'affrontement cinétique des abysses,
dans une écriture
aussi incertaine que l'érosion
des montagnes de pluie.
— Dans mes carnets, fragments —
Phóbos
Les fourmis cyber-connectées se donnent des leçons de morale en débats virtuels et en temps réel. Elles réinventent l'inquisition 2.0 ; le bûcher punitif et purificateur partagé en réseaux. Du bout de leurs antennes, elles consomment de la pensée mortifère dans leur exhibitionnisme pudibond. Au creux de leurs carapaces noires, elles sucent le cadavre liquide de leur libido triste et fatiguée, espérant un jour se reproduire en likant la semence stérile de leurs propres commentaires.
— Réédition spéciale d'un fragment publié ici même sur ce blog, en septembre 2018 —
Scketchbook #4
« Si j’enfonce un mot violent comme un clou, je veux qu’il suppure dans la phrase comme une ecchymose à cent trous. Pour être cruel, il faut être éclairé. Voilà la vérité. »
— Antonin Artaud —
(Dans mes carnets, fragments dessinés au scalpel)
Dehors
La peine a du mal
à se faufiler entre les vides
du ciel et du chagrin.
Alors quoi ?
Les insignifiantes tragédies
du monde
ne sont que des flaques
où l'écriture ne prend pas.
Les mots dissous
entre les plaintes disjointes
ne racontent rien.
Le carnet repose alors la question.
Alors quoi ?
Une chaise sous la pluie.
Un nid.
Un tas d'os dans la boue.
Un feu.
Écrire comme un manche
de pioche.
Et faire germer la charogne.
Alors ça va.
— Dans mon Digital Revio, fragments de poème humide —
In my cosmiXtrip !
— Réédition spéciale de fragments de cosmiXtrip publiés ici même sur ce blog en avril 2020 © Thierry Murat —
(Un p'tit clic sur l'image pour la voir en plus grand / Tirage papier collector 30x40cm disponible ici sur simple demande)
Vivant
Animabilis fête ses deux ans
À peine éclos début novembre
De l'an de grâce deux mille dix-huit
Le livre étrange encor vivant
Au creux de l'âme du cœur de l'ambre
La poésie toujours en fuite
— A N I M A B I L I S / Thierry Murat © éditions Futuropolis, novembre 2018 —
(Réouverture des librairies ; retrouvaille des livres amis...)
Fox
Immobile, ajusté et éclairé, le dessin laisse humblement quelques traces apeurées dans la neige immortelle pour plus tard ; une intime promesse d'apaisement individuel à venir, bien à l'écart du chaos collectif.
— Dans mes fragments de vieux carnets oubliés/retrouvés —
(Pour toi, Pierre, où que tu sois maintenant...)
Fabulum
« La vérité n’est pas dans ce qui se passe, mais dans ce que cela nous raconte sur qui nous sommes. La fiction est ce mensonge qui dit la vérité », nous dit Neil Gaiman. Alors, oui ! Cent fois oui. Je préfère la fiction aux documentaires qui prétendent toujours être la vérité, mais qui parfois... Enfin, bref...
On a un jour demandé à Albert Einstein comment nous pouvions rendre nos enfants plus intelligents. Sa réponse a été à la fois simple et sage. « Si vous voulez que vos enfants soient intelligents, a-t-il dit, lisez-leur des contes de fées. Si vous voulez qu’ils soient plus intelligents, lisez-leur encore plus de contes de fées. »
— Dans mes carnets, notes en vrac et fragments de cyber-collage —
Crétinisationisme
Les diverses postures victimaires de notre époque paranoïaque ôtent finalement toute part de responsabilité sociétale à la populace qui suce continuellement la bite des Gafa en s'enfilant quotidiennement le plug anal du Social-Réseau.
L'humanité est devenue, en quelque sorte, une foule de crétins bien documentés qui aura, au final, réussi à transformer l'humilité du « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien » de Socrate & Montaigne en un savoir polyvalent de supermarché connecté, prosélyte, prétentieux et omnipotent comme un totalitarisme d'opérette ; « Tout ce que je sais, c'est que je sais mieux que toi ».
En somme, le troupeau de cloportes neurasthéniques shootés au ressentiment permanent et à la moraline, se prend pour une armée de prix Nobel ou de prophètes.
— Dans mes carnets, fragments of times —
Précision :
« L’exactitude n’est pas la vérité. »
— Henri Matisse —
(Photographie © Archives Henri Matisse / Dans son appartement à Nice, vers 1927)