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— Dans mes carnets, fragments furieusement typographiés —
— Sur mes étagères : « Fusée » n°6, spécial Godzilla /
Mai 1999 © éditions Automne 67 —
(Dessin de couverture : Philippe Petit-Roulet)
« Je fonctionne !
— Écoute. Si un écureuil est vivant, ou une puce, un arbre, un brin d’herbe, pourquoi pas toi ? Je ne pourrais jamais dire, ou penser, que je suis vivant mais que tu fonctionnes simplement, surtout si je dois vivre à Aurora pendant un moment, en m’appliquant à ne faire aucune distinction entre un robot et moi-même. Par conséquent, je te dis que nous sommes tous deux vivants, et je te demande de me croire sur parole. »
– Isaac Asimov / Les Robots de l'Aube, 1983 –
(Dans mes carnets oubliés, dessin inédit de 2009 © TM)
(* it's a wonderful, wonderful life)
— Dans mon Digital Revio, fragments —
« Je me suis assise devant mon orgue d’humeur, j’ai fait quelques expériences et j’ai fini par trouver un réglage pour le désespoir. Je me le programme deux fois par mois depuis ; ça me semble une durée raisonnable pour se sentir désespéré à propos de tout, à propos du fait d’être restés sur Terre après que tous les gens un tant soit peu intelligents ont émigré sur Mars.
— Mais avec une humeur pareille, tu risques de rester dedans, de ne pas programmer de sortie. Un tel désespoir, qui embrasse la réalité, se perpétue de lui-même.
— Non. Je programme un redémarrage automatique trois heures plus tard, un 481 : conscience des multiples possibilités qui s’ouvrent à moi dans le futur, confiance renouvelée en…
— Oui, oui... Je connais le 481. Écoute, même avec un arrêt automatique, ça reste dangereux de subir une dépression, quelle qu’elle soit. »
– Philip K. Dick, 1968 / Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? –
(Photo : Monsanto's Plastic House of the Future / Disneyland, 1957)
« Il y avait dans l’air comme une odeur de Temps. Il sourit et retourna cette drôle d’idée dans sa tête. Il y avait là quelque chose à creuser.
À quoi pouvait bien ressembler l’odeur du Temps ? À celle de la poussière, des horloges et des gens. Et si on se demandait quel sorte de bruit faisait le Temps, ce ne pouvait qu’être celui de l’eau ruisselant dans une grotte obscure, des pleurs, de la terre tombant sur des couvercles de boîtes aux échos caverneux, de la pluie... »
— Ray Bradbury / Chroniques martiennes, 1950 —
(Sur mes étagères, SpaceToy)
— Dans mes carnets, fragments dessinés en pensant à Giorgio De Chirico —
Le chancre pandémique
de l'ignoble siècle jeuniste et planétaire
décime les anciens et leur mémoire de pierre.
La Camarde ne me fait pas peur.
Non.
J'entretiens avec elle une relation
étrangement intime
depuis quelques millénaires.
Mais dans ma tendre misanthropie,
j'ai peur de crever
contaminé par cette hideuse
race posthumaine
biberonnée à la télé réalité
et dépucelée sur youtube.
Je veux pas finir infecté
par cette misérable armée
de cloportes humanoïdes,
neurasthéniques et cyberconnectés
à l'ultra-bêtise du monde.
Leave me alone,
peuple maudit.
— Dans mes carnets, fragments —
— RANXEROX / Tanino Liberatore © L'Écho des Savanes, 1981 —
Le temps
de l'attente
est dans la terre.
Le vers du poète
est dans le fruit.
Pourriture
céleste,
donne-nous
l'azur !
Les nues.
— Dans mes carnets, fragments —
— SUMMER BLONDE / Adrian Tomine © Drawn & Quarterly publishing, 2002 —
« La poésie se distingue de la littérature comme le désir d'être se distingue de la gestion de l'avoir. Elle ne cherche pas des significations mais le sens, le sens qu'il y a à vivre. »
— Yves Bonnefoy —
(Photographie : Portrait de Charles Baudelaire par Félix Nadar,
vers 1855 / Négatif sur plaque de verre)
— BLUE / Kiriko Nananan © Magazine House, Tōkyō, 1996 —