Endless Summer
— Dans le sac de plage de Melania, souvenirs du G7 —
Sainte Greta de Stockholm
Impératrice du Ciel, de la Terre et des Médias Sociaux
Canonisée à Katowice le 4 décembre de l'an de grâce 2018 par la cop24
Enluminure du 21ème siècle / 3ème millénaire
— Dans mes carnets à dessins, enluminer l'icônnerie —
Le 24 août 2015, pour la première fois dans le monde, un milliard de personnes ont utilisé facebook dans la même journée.
On peut donc, d'un point de vue sociologique, dater officiellement l'ouverture du robinet à merde à cette date précise.
(Happy birthday, facebook)
En ce même an de grâce 2015, en France, des associations féministes déterrent à nouveau une vieille « affaire » de 2009, classée par la justice depuis 2012, et accusent une énième fois OrelSan – un simple auteur de chansons – d'incitation à la haine sexiste après l'avoir traîné devant les tribunaux comme un criminel de guerre faisant l'apologie du féminicide sous le troisième reich, et ce, même après la relaxe judiciaire, dopées et coachées par l'acharnement de la bien-pensance fraichement ultra-cyber-connectée (le fameux robinet à merde), confondant une fois de plus la fiction et la réalité comme des enfants de trois ans (régression pathologique) et prenant encore et toujours au pied de la lettre un texte littéraire pour un discours extrémiste de propagande (pathologie psychotique et collective de la paranoïa). On refait donc le procès poussiéreux de 1857 des Fleurs du Mal de Baudelaire. Autant dire le procès du diable en personne (coucou fais-moi peur).
Ça se passe en France. Et en France, on est toujours fiers d'être beaux et cons à la fois (on appelle ça le panache).
Bien avant l'ouverture du (fameux) robinet à merde, il ne serait jamais venu à l'idée de personne de confondre Benoît Poelvoorde (dans le film « C'est arrivé près de chez vous » en 1992) avec Patrick Henry, le tueur en série des seventies en pattes d'éph'.
Il ne serait jamais venu à l'idée de personne de confondre Albert Dupontel (qui fracasse des têtes à grand coup de pelle métallique dans le film « Bernie » en 1996) avec Jack l'éventreur, et encore moins de confondre le bon vieux Georges Brassens (qui chante « Je suis un voyou » en 1954) avec un violeur pédophile.
(Je viens d'utiliser malgré moi, trois fois de suite, le verbe confondre ; j'ose espérer que tu mesureras comme moi, l'ampleur de la confusionite aigüe ambiante.)
Bref. Or donc... Ainsi soit-il !
Et par la très grande sainteté de l'ouverture du robinet à merde de l'an de grâce 2015, nous te prions, seigneur tout puissant en forme de f.
Ô toi, grand monstre bleu aux deux milliards de trous du cul interconnectés, exhausse nos péchés et délivre-nous du mal...
Amen.
— Dans mes carnets, remise à l'heure —
À l'abri de l'idiocracy
qui gronde au dehors,
je garderai tous ces mystères
endormis d'épines
à l'intérieur d'un œuf
de phœnix incendiaire,
précieux comme de la poussière
de licorne dispersée
dans l'indulgence des quatre-vents :
celui-qui-fut,
celui-qui-est,
celui-qui-sera,
celui-qui-sait.
— Dans mes carnets, écrire des fragments —
(Peinture © Thierry Murat, 2019 / Semence / 29 x 42 cm /
acrylique blanche sur tôle rouillée / détail)
Après un bref épisode caniculaire et orageux,
on annonce un abrupt retour aux normales saisonnières
en fin de siècle.
— C'était un communiqué de Jusqu'ici-Tout-Va-Bien.
Merci de nous avoir suivis —
« Quand je me sens des plis amers autour de la bouche, quand mon âme n'est plus qu'un bruineux et dégoulinant novembre, lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois me tenir à quatre pattes pour ne pas, délibérément, descendre dans la rue pour y envoyer dinguer les chapeaux des gens, je comprends alors qu’il est temps pour moi de prendre le large. »
— Les premiers mots d'Ismaël dans Moby Dick / Herman Melville, 1851 —
(Peinture © Thierry Murat, 2019 / Long-Courrier / 90 x 40 cm /
acrylique blanche sur tôle rouillée / détail)
Désinvolte pistoléro séducteur, violent, raffiné et impitoyable romantique, amateur de vodka glacée, de femelles ardentes et de mouton grillé à l'ananas...
Sous cette apparence de cow-boy de charme, Alamo Kid est un agent fédéral sévèrement burné, luttant contre le crime au cœur d'un far-west sans pitié, teinté de meurtres et d'érotisme torride.
— Cette série italienne fut initialement publiée
dans « l'excellent » magazine Lanciostory entre 1975 et 1978,
scénarisée par Antonio Mancuso et dessinée par Giuseppe Montanari,
avant d'être éditée en France chez Sagédition en 1982 —
(un Must absolu...)
— Dans le journal du matin du jour du lendemain d'après-demain —
« Hey mama, said the way you move,
gonna make you sweat, gonna make you groove. »
— Dans mes carnets, dessin champêtre / dans mes oreilles, Led Zep IV —
(Pour Nico, spécial clin d'œil en forme de fagot)
Les brigades platoniciennes – milices de la répression du réel – sont venues cette nuit, m'arrêter dans mon sommeil. Elles m'ont conduit dans une cellule sourde et aveugle. Des cyborgs transgéniques m'ont fait une injection de solipsine, de moraline, et de solastalgine collapsée. Puis ils m'ont passé à tabac avant de me jeter vivant dans la fosse commune du vortex de Foucault.
C'est alors que je me suis réveillé sous LSD, en calbut hawaïen dans la piscine d'Aristote à Malibu. Buvant du champagne russe avec les putes de Jim et Aldoux, sous un soleil saturnien d'or et de plomb.
— Dans mes carnets, rêves en vrac / extrait —
(Dans mon Digital Revio, capturer des chiens et des loups)
Les petits oiseaux
et les pots de fleurs
gentiment alignés
à la ligne
dans le champ lexical
des nouveaux cyber-poètes
me font l'effet d'un suppositoire.
Les couchers de soleil
et les ongles vernis
sur instagram
lubrifient la rétine anale
du post-humain
et me donnent des envies
de meurtres.
Cui-cui.
Quoi ?
Do not disturb dans ce bordel ?
Tu veux des pensées
sucrées ?
De la vaseline
en sorbet ?
Des petits cœurs
siliconés ?
Bouge pas darling
je vais t'enfiler un poème
à la vanille
et te foutre par les yeux
avec du papier de verre parfumé
au curcuma.
— Dans mes carnets, mots en vrac / Sur la route, un poème écrasé —
L'expo devait être décrochée le 13 juillet. Mais voilà...
Il y a toujours un « mais voilà ».
Alors dans la torpeur de l'été, laissons donc un peu
de temps au temps. N'est-ce pas ?
Laissons ce temps si précieux dégouliner lentement
sur l'immédiateté de nos bavardages cyber-connectés,
comme on verse du chaud chocolat fondu
sur la croupe d'une poire (dé)confite.
Et jouons allègrement les prolongations jusqu'au 31 aout !
Allez, viens VOIR...
(Et si tu as ton chéquier sur toi, offre-toi une toile
avant la fin du monde)
— Vinyl Coiffeur / l'Atelier des Chartrons / 40, rue Notre Dame / Bordeaux —
Et gnan gnan gnan
L'argent des méchants
(Tous ensemble !)
Et pouet pouet pouet
Sauver la planète
(Come on, everybody !)
J'fais l'barbot
Sur l'social réseau
(All together now !)
Et j'fais l'aumône
Dans mon gilet jaune
(One more time !)
Et gnan gnan gnan
L'argent des méchants
(Ad libitum...)
— Allez... Bonnes vacances, les télétubbies !
Moi, je m'éloigne un peu de l'eau croupie de l'étang et je me déconnecte
momentanément du brouhaha des grenouilles —
« Les résultats des dernières observations de la sonde spatiale Proktos ne laissent désormais plus la place au doute.
Le trou du cul de l'univers est bel et bien en expansion, lui aussi. Et il aspire l'âme de l'humanité dans une gigantesque sodomie intersidérale. Nous allons donc tous mourir en faisant jouir le cosmos par l'anus. Et ceci risque bien, hélas, de prendre plusieurs milliards d'années...
C'est terrifiant, mais c'est ainsi.
Bonsoir. »
C’est sur cette ultime annonce de la célèbre agence conseil en communication d’influence, Fuck’Off, que la totalité des réseaux sociaux se sont brusquement tus, hier au soir.
Un dernier tweet d’un gilet jaune s’est échappé du grand vide : « Tout ça, c’est la faute aux médias ! Macron, rend le pognon ! Tu l’as dans l’fion ! »
Et puis le silence.
— C'était le dernier communiqué d'Ici-Même-en-Temps-Réel.
Merci de nous avoir suivis —
Le poème, comme un loup,
entre et sort de la forêt.
Sans contaminer le réel,
il en propose une expérience intègre ;
des traces de pas dans la neige.
C'est tout.
Une empreinte protectrice
et symbolique.
Le sujet est l'objet de la représentation
et du discours, au delà de la langue
qui brinquebale la pensée.
Les yeux brûlent la lumière.
La chair avale l'ombre.
L'esthétique est dans le sujet.
Et donc, dans l'objet qui le représente.
Nulle part ailleurs.
Il en est de même pour la peinture.
— Dans mes carnets, notes en vrac —
(Peinture : Thierry Murat © 2019 / Amulettes / empreinte monotype sur Velin d'Arches)
L'AFLPSS (Association Française pour la Lutte contre la Pénétration Sexuelle Systématique) lance un cri d'alarme : « Non, le coït n'est pas incontournable ! Il n'est qu'une funeste invention masculine qui sacralise l’instauration d’une relation inégalitaire comme modèle sociétal ! » (sic).
Pénétrer, prendre, foutre, attraper, enfiler, enconner... ne seraient alors que des concepts archaïques et poussiéreux ? Dans notre soif de vérité, et d'information, nous sommes en droit de nous poser la question... Et pour atteindre l'orgasme féminin dans un extraordinaire élan progressiste, tous ces verbes désuets ne seraient-ils pas, finalement, à proscrire du langage et de l'acte sexuel de la race humaine du XXIème siècle ?
« Le phalocentrisme étant au cœur du débat politique sur les réseaux sociaux depuis l'avalanche salutaire post-metoo, pourrait-on enfin, dans cette société sexiste, baiser équitable ?! », a déclaré très sobrement Thérèse Fion (porte·e parole·e de l'AFLPSS) lors de sa conférence de presse.
En état de sidération avancée, les cyber-hurlements des internaute·e·s ne se sont pas fait attendre : « On t'encule, Thérèse ! », aurait même twitté, ce matin, un gilet jaune très exité...
— C'était un communiqué d'Ici-Même-en-Temps-Réel. Merci de nous avoir suivis —
Dans les récits immémoriaux, on raconte parfois que l'on aurait aperçu jadis, des peintres aller fouiller dans les tombeaux pour y chercher des ossements en vue de les calciner et de les broyer afin d'obtenir le plus intense, le plus puissant, le plus absolu et le plus profond des pigments ; l'Atramentum, dont nous parle Pline l'Ancien dans son Naturalis Historiæ.
Avec cette préparation soigneusement mélangée à de la gomme arabique, on pouvait alors exhumer – par vanité – la seule couleur qui soigne l'âme ; le noir.
La couleur des couleurs. La seule et unique qui – par combustion – détruit toutes les autres pour mieux les recréer. En somme, la phase première du grand œuvre que les alchimistes appelaient l'œuvre au noir ; la nigredo.
— Dans mes carnets, notes en vrac —
(Peinture © Thierry Murat, 2019 / To be or not / 50 x 50 cm /
acrylique et brou de noix sur toile de lin)
Se remettre au travail
dans un état
proche de la prière.
Avec l'âme poreuse
d'un long poème
de marbre rose
et les mains
calleuses
de l'artisan.
La tige dressée
fière et fragile
comme une vieille
chanson rock
qui passe
à la radio.
Apprivoiser
les salamandres,
les oracles
et les tempêtes
dans les alcôves
de Némésis.
Et tout le reste
m'indiffère.
— Dans mes carnets / Écrire des fragments —
(Dans mon atelier, rallumer l'obscure)
C'est un bien bel endroit...
Un très bel écrin en plein cœur du quartier des Chartrons
à Bordeaux. Le quartier historique des antiquaires et du vin.
Christophe, un vieux frère de collège des joyeuses années 80, a posé
humblement dans ce lieu hors norme, son talent de coiffeur en 2011.
C'est ici que je dévoile pour deux mois, et pour la première fois,
quelques fragments d'intimité de mon travail de peinture.
L'évidence du cœur et de l'amitié adolescente indéfectible, bien sûr...
Et aussi la joie des retrouvailles pour un moment à partager avec
de nouveaux regards curieux, loin du petit milieu morose des livres,
de la bande dessinée et des librairies.
Pour un instant, reprendre mon souffle.
— Vinyl Coiffeur / l'Atelier des Chartrons
40, rue Notre Dame / Bordeaux
20 mai - 13 juillet 2019 / Vernissage, jeudi 23 mai / 20h —
(Sur la photo : Night Flight / Thierry Murat © 2019 / acrylique sur toile / 60 x 60 cm)
L'AFPFGC (Association Française pour la Promotion du Fermage de Gueule des Citadins) demande expressément aux urbains cyber-connectés de ne plus se prononcer sur les réseaux sociaux à propos des sujets qui ne les concernent pas ; tel que la chasse aux bambis, la cueillette des champignons ensorcelés, les battues aux cochons sauvages, le danger des sorties en pédalo par temps de pluie, les couilles de taureaux à la vinaigrette espagnole, l'élevage intensif des poulets autistes ou la confiture d'escargots de bruyère...
« Ces rats des villes n'ont qu’à s'occuper de leur fesses molles, de leurs petits problèmes d'érection, de leurs trottinettes nucléaires, de leurs poubelles jaunes et vertes et des cacas de chiens sur leurs trottoirs. Merci. Bonsoir. », a déclaré hier soir Jean-Pierre Lebouc, le porte parole de l'AFPFGC.
Cette déclaration a immédiatement enflammé la toile et les commentaires n'ont pas tardé à se faire entendre haut et fort. « Parigots têtes de veaux, parigots collabos ! », aurait même twitté, ce matin, un gilet jaune de la Sarthe. « Les gueux, je vous lèche la queue... », a répondu très sereinement la responsable·e de l'agence conseil en communication d'influence de la mairie de Paris, qui n'a pas sa langue dans sa poche.
— C'était un communiqué d'Ici-Même-en-Temps-Réel. Merci de nous avoir suivis —