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Retour chez nous,
pour y enfouir la lumière
dans les yeux et l'âme
de la tanière griffue,
blanchie à la chaux.
— Dans mon Digital Revio, fragments d'ici —
(Lampe Lyre noire, H. 72 cm, designed by Philippe Cuny © 1990)
Le monde selon Jim
« Si quelqu'un te dit qu'il n'y a qu'une seule voie, la sienne, éloigne-toi le plus possible de lui, tant physiquement que philosophiquement. »
— Jim Jarmusch —
(Collage de Jim Jarmusch / Anthology Editions © 2021)
Pescaíto
À Santa Marta, près de la frontière vénézuélienne, la Colombie devient caribéenne. Tu peux me croire... l'air y est plus lourd qu'une enclume chauffée à blanc. Et c'est dans la rue que tu réalises que la nuit noire est une offrande, lorsque le jour se cogne contre les murs du barrio Pescaíto.
— Dans mes carnets, écrire des fragments —
(Dans mon Digital Revio, tropical blues)
Le roi est nu
Entouré du monumental visuel de fond de scène, saturé de notifications et d'injonctions précédées de hashtags totalitaires, me voici donc... Posant pour la postérité sur le trône de l'exposition consacrée à « Ne reste que l'Aube », à Évreux. Un bel espace, un bel accrochage et quelques vitrines dévoilant discrètement mon petit cabinet d'intimes curiosités. On se sent souvent nu (sous sa blouse), en de pareilles circonstances. Tout dépend alors du chauffage... inévitablement.
À quelques encablures de la soirée d'inauguration, on m'a demandé gentiment de repeindre un mur ; partie intégrante de la scénographie. Modestes traces – oscillantes entre calligraphie et abstraction figurative – éclairant cet espace feutré à la lueur d'un chandelier et de deux bougeoirs.
Cette éphémère présence intemporelle reste en place jusqu'à la fin de l'année. Merci à la ville d'Évreux et à toute l'équipe de la Maison des Arts. Spécial merci à Frédéric Bihel...
— Exposition « Les Mondes Futurs » Thierry Murat (Ne reste que l'Aube / éd. Futuropolis) & Xavier Coste (1984, d'après Orwell / éd. Sarbacane), à La Maison des Arts d'Évreux, du 15 octobre au 31 décembre 2021 —
(Commissaire d'exposition : Frédéric Bihel)
Altitude
Je crois que j'aime
autant les murs de Bogotá
que le mal de crâne
des Andes en altitude
qui s'efface
comme une énigme diluée
dans les vapeurs
cinq fois millénaires
de la feuille de coca
en décoction.
— Dans mes carnets, écrire des fragments —
(Dans mon Digital Revio, infusion)
Cosmix 2021
Cinq planches inédites de bande dessinée expérimentale exposées au Centre Culturel Gabriel García Márquez, à Bogotá. Un accrochage quelque peu monumental qui essaye de scénographier ma vision personnelle du comic strip à la verticale... Merci à l'Alliance Française et au Goethe Institut de Bogotá, pour la carte blanche et l'invitation au voyage.
— Exposition collective « Jump The Wall ! » à Bogotá, du 24 septembre au 23 octobre 2021 —
(Commissaire d'exposition : Camilo Vieco)
Check Out
L'humeur tropicale dégouline le long des feuilles de palme. Les hélicoptères, accrochés au plafond de l'hôtel Majestic, malaxent la salsa électro avec la sueur climatisée des touristes vaccinés.
Quelques Arhuacos, géolocalisés sur snapchat, dansent sur la plage. Cartagène des Indes est bel et bien aux Amériques.
J'écris avec ce qu'il me reste de voyage ; una sonrisa mundializada.
— Dans mes carnets, fragments de retour —
Ubiquité
En septembre / octobre 2021, il sera question de « Ne reste que l'Aube », de quelques fragments de moi un peu partout... et donc, inévitablement, d'ubiquité.
• Du 24 septembre au 23 octobre 2021, SUREXPOSITION II, dans le cadre du festival FORMULA BULA, à la galerie Immix, Quai de Jemmapes, Paris 10ème. « Immix galerie expose des œuvres que tout oppose sauf leur allusion forte à la photographie. Thierry Murat, dans Ne reste que l’Aube, traite l’image à la façon d’une photo haut-contraste dont est expurgé tout demi-ton et tout dégradé. La lumière se fait crue, dure, rasante, comme au coucher ou à l’aube, rappelle Caravage, ou, en BD, l’œuvre de Muñoz. Avec toutefois un monochrome très personnel à l’auteur qui nous immerge entre chiens et loups. La vraisemblance si typique de la photographie persiste, mais se fait ambiguë ; nous reconnaissons New York, mais nous sommes à Stockholm à la fin du 21ème siècle... La vraisemblance photo fait paradoxalement fonctionner l’imaginaire et sert superbement l’économie d’expression. » (Commissaire d'expo : Carlo Werner)
• Du 15 octobre au 31 décembre 2021, LES MONDES FUTURS, à la Maison des Arts d'Évreux. « Flash back sur le parcours de Thierry Murat à travers une décennie de bande dessinée, en six livres publiés aux éditions Futuropolis. Et une grande exposition scénographiée autour de son dernier ouvrage ; Ne reste que l'Aube. » (Commissaire d'expo : Frédéric Bihel)
• Du 20 septembre au 22 octobre 2021, à Mont-de-Marsan. Exposition d'une dizaine de planches originales de ÉtuŋwAŋ / Celui-Qui-Regarde (Thierry Murat © Futuropolis, 2016) dans le cadre du festival PAL'ARBRE, à la librairie Caractères - Café Social Club.
• Du 24 septembre au 23 octobre 2021, exposition collective à Bogotá. « Six artistes internationaux et quelques colombiens sont invités au centre culturel Gabriel García Márquez par l'Alliance Française pour le vernissage de cette exposition, pour des conférences, des tables rondes, des ateliers... Thierry Murat y expose cinq planches inédites réalisées spécialement pour l'occasion, autour du thème de l'événement : JUMP THE WALL ! » (Commissaire d'expo : Camilo Vieco)
— Paris, Évreux, Mont-de-Marsan, Bogotá, et au-delà... —
Escape !
On ne part pas pour se soigner... Je ne comprendrai jamais ceux qui arpentent les déserts, les routes poussiéreuses, les pistes défoncées, pour apaiser leurs angoisses existentielles. Tout comme ceux qui s'accaparent les rues pavées et les ronds-points pour guérir leurs névroses sociétales avec des pancartes et des banderoles, envahissant l'espace commun en le transformant en un hideux divan collectif.
Partir c'est s'éloigner en silence, loin de toute revendication politique, idéologique, écologique, religieuse... Celui qui revendique quoi que ce soit de ce « style » dans l'idée du voyage n'est qu'un publicitaire de la bienpensance, un touriste fonctionnaire du camp du bien ou, tout simplement, un puceau de l'âme. Partir n'est surtout pas une affaire de style. Partir à l'autre bout du monde, c'est laisser un instant tous ceux qui s'affairent à la plus médiocre et la plus détestable des occupations : vouloir changer (ou sauver) le monde – en se regardant le nombril devant un smartphone, le cul sur un canapé.
Le vrai voyageur n'est pas un moine pèlerin végan, ou une instagrameuse de couché·e·s de soleil·le non genré·e·s, ou un yogi marcheur bouddhiste antispéciste... Le Voyageur est un loup misanthrope, affamé de rencontres d'exception, qui essaye juste de faire de sa fuite quelque chose d'esthétique.
— Dans mes carnets, fragments de départ imminent —
Illusionnisme
En initiant ou en co-organisant des embryons de révolutions populistes – comme les cortèges de gilets fluo en plastoc ou les troupeaux obscurantistes de ruminants anti-médecine, militant pour la potion magique – les réseaux sociaux ne savent faire, bêtement, que ce pourquoi ils ont été créés : fabriquer de l'illusion en générant de la surinformation émotionnelle afin d'affaiblir la connaissance universelle. That's (only) what I said.
— Dans mes carnets, écrire des fragments hérétiques —
(Peinture : Jérôme Bosch, 1480 / « L'Escamoteur » / Huile sur bois, 53 x 65 cm)