Digression (l’art de la)
Comme me disait, au siècle dernier, un très vieux professeur de philosophie de la musique ; il n'y a finalement pas beaucoup de demi-tons à parcourir pour arriver à la tierce, la quarte ou la quinte en partant de la fondamentale. La digression chromatique n'est pas un chemin de perdition. Loin de là. Elle permet souvent de retomber habilement et rapidement sur ses pieds dans le pur respect de l'harmonie de la phrase, qu'elle soit majeure ou mineure. Et puisque la musique est un langage, ceci est aussi valable pour la discussion.
— Dans mes carnets, fragments —
(Photographie © Emma Theobald, 2014)
PhiloMoustache !
« Si nous n'avions pas approuvé les arts et inventé cette sorte de culte du non-vrai, la compréhension de l'universalité du non-vrai et du mensonge que nous procure maintenant la science – cette compréhension de l'illusion et de l'erreur comme conditions du monde intellectuel et sensible – ne serait absolument pas supportable. La probité aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Or, à notre probité, s'oppose une puissance contraire qui nous aide à échapper à de pareilles conséquences : l'art, en tant que consentement à l'illusion. »
— Friedrich Nietzsche, 1882 / « Le Gai Savoir » §107. Notre dernière reconnaissance envers l'art —
(Dans mes carnets, philotypographisme)
Wandering
Il y a plusieurs manières de régler son compte, une bonne fois pour toute, au temps qui passe.
L'errance accidentelle du regard en fait partie. Lorsque la vitre de l'habitacle en mouvement se double d'une paroi de verre tactile, l'antériorité se fige alors d'un simple coup de pouce. Et l'espace vagabond rejoint l'éternité immobile dans ces nomad's landes motorisées.
— Dans mes carnets, écrire des fragments —
(Dans l'iPhone8 de ma fille, du haut de ses onze ans, photographie on the road)
#christmas
Soupçonné d'incarner le symbole de l'impérialisme capitaliste mondialisé de l'Amazonie numérique, accusé d'être responsable de la déforestation sapinière et présumé coupable de toutes les frustrations de la populace névrotique, le Père Noël jette l'éponge et démissionne. C'est officiel.
Lynché sur les réseaux sociaux, tabassé par des hologrammes en gilets jaunes sur les parkings des supermarkets, insulté – parce qu'il n'existe même pas – par des enfants pixélisés... le jovial patriarche rouge et blanc n'assurera pas sa mission cette année et ce, jusqu'à nouvel ordre.
« Allez vous faire cuire le cul et joyeux Noël ! », a-t-il tweeté ce matin, avant de disparaître sur son traîneau, provoquant ainsi la risée générale : « Ouais c'est ça, ouais... Casse toi, boomer ! T'es qu'une fake news ! », lui ont répondu en masse les internaute·e·s, dans une avalanche de commentaires citoyens, solidaires et engagés pour un monde nouveau. « Un monde enfin débarrassé des croyances et des légendes old school à la con ! », a commenté Sophie Marceau du tac au tac, sur son TikTok.
— C'était un communiqué de « Jusqu'Ici-Tout-Va-Bien », merci de nous avoir suivis —
Préambule
Avant toutes choses,
je devrais te parler de l'outil,
de la planche, des copeaux,
et du grain à moudre
qu'il faut ramasser
pour retrouver la source
vers le nouveau livre à déflorer,
la nouvelle histoire à enfanter,
en perforant la falaise
qui surplombe le bruissement des voix
alors que se croisent au même instant,
au-dessus du vide,
des images en bleu de travail.
— Dans mes carnets, fragments —
LandeScape
— Dans mon Digital Revio, homelandes —
(Ici, temps élargi à l'infini)
Le titre...
Toi qui te demandes quel est donc ce nouveau livre de bande dessinée sur lequel je travaille – et retravaille – le dessin et l’écriture, sans relâche depuis presque deux ans... Sache que je te mitonne pour 2021, toujours chez Futuropolis, un des plus beaux romans graphiques de ma bibliographie.
176 pages en bichromie. Noir & gris, en tons directs. Pages de garde ; rouge sang. Plus classieux, tu meurs. Voici déjà son titre et sa date officielle de sortie en librairie. C’est déjà ça... J’espère que tu prendras cette humble confidence comme un cadeau de noël avant l’heure. En février c'est promis, tu auras – telle une épiphanie pour patienter jusqu'en avril – la couverture de l'ouvrage sous tes yeux, sur ce blog ici même.
— NE RESTE QUE L'AUBE © Thierry Murat / éditions Futuropolis —
(En librairie le 7 avril de l’an de grâce 2021)
Building Universe(s)
Sur la planète Télhus, ce qui émerge des rapports des parties au tout, tant dans l’architecture que dans la nature, se construit de la manière la plus évidente depuis des centaines de milliers d'années. Les monuments traditionnels dans lesquels les Télhusiens se sentent chez eux ; les villages de quartz, les tentes mésomorphes ou les temples baryoniques, ont toujours été érigés par des sortes de shamans-bâtisseurs, spirituellement proches de ces constructions et de tout ce qui a permis de les réaliser.
Sur Télhus, il est impossible de construire de grands monuments ou de concevoir des habitations confortables sans suivre scrupuleusement cette méthodologie tangible qui s'inspire fondamentalement des énergies formelles, naturelles et ancestrales du cosmos. Et on ne peut nier le contraire...
— Réédition spéciale d'un fragment cosmique et prémonitoire, comme souvent sur ce blog, publié initialement ici même en mai 2020, avec un peu d'avance à l'allumage sur les événements... —
(Photographie : « East-West / West-East », sculpture-installation de Richard Serra / Qatar, 2014)
2+2=5
Jadis réservée au méchant pouvoir oligarchique totalitaro-orwellien, la célèbre équation sophiste semble aujourd'hui se démocratiser au creux de l'intrication quantique participative de nos cyber-cerveaux ultraconnectés : 2+2=5. Voilà donc que désormais le gentil bon petit peuple, usant lui aussi de solipsisme à bon marché, tente de soigner ses divines névroses collectives dans la pratique religieuse de l'arithmétique frelatée.
— Dans mes carnets, fragments lumineux —