Conte de saison
Ce fût un siècle formidable.
La parole enfin libérée
était devenue superbe et sauvage.
Au bout de neuf décennies
d'ultra connexion quotidienne,
les moutons se transformèrent en chiens
enragés dans leur bave de haine.
Les idées tournaient en boucle.
Sans répit et sans trêve.
Chaque jour une nouvelle obsession
prenait la place de celle d'hier
comme dans le vide ordure
d'un cerveau malade et collectif.
On supprima donc ce grand réseau
où chacun pouvait aboyer librement.
Puis on le remplaça par un immense tissu
de connections primales et cognitives.
Désormais, chaque songe intimement downloadé
pourrait devenir cyber-lumière, mantra
ou poème.
Mais les chiens ne savaient plus rêver.
Alors les chiens devinrent cochons.
— Dans mes carnets / écrire des fragments —