Affichisme
Dans les années 60, aux États-Unis, au cœur d'un ségrégationnisme racial extrêmement brûlant, Tomi Ungerer – qui vit à l'époque à New York –, ose traiter de ce sujet en posant avec audace la question de la responsabilité réciproque de chaque camp, ou plutôt... du camp de « l'autre ».
La mise en scène tête-bêche, comme sur une carte à jouer qui s’entre-dévore elle-même dans une autodestruction bicéphale, accentue la dramatisation du contexte.
Présentée pour la première fois à New York lors d'une exposition en 1967, cette affiche, d'une intelligence visuelle tragi-comique hors norme, s'affranchit radicalement de tout manichéisme ; elle devient immédiatement une icône. Paradoxalement, elle met tout le monde d'accord. Mais... est-ce encore possible en 2021 ?... À l'aube de ce siècle merdeux et algorithmé qui ne sait plus faire la différence entre satire et offense, entre nuance et banalisation, entre dessin et blasphème, entre raccourci et impasse... Est-ce encore possible ?
Tu as la réponse, toi ? Moi, je ne l'ai pas.
— Dans mes carnets, fragments of times —
(Affiche de Tomi Ungerer, 1931-2019 / « Black Power - White Power », 1967 © Musées de Strasbourg)