Mon chemin de croix
Me voilà bien parti pour terminer dans les temps mon adaptation du « Vieil Homme et la Mer ». Le livre sort en octobre chez Futuropolis. Un roman graphique de 120 pages que j’écris et dessine dans la plus grande des solitudes monacales. Même si je suis loin du compte, je pense bien finir cet été, quoi qu'il arrive. La page 71 est derrière moi. Place à la suite, maintenant. Et droit devant jusqu'à la page 120 !
Je crois que je ne m'étais pas vraiment rendu compte à quel point ce récit, d'une puissance et d'une beauté bouleversante, est à la fois court et gigantesque. Une espèce de densité cosmique... Vous savez, comme dans ces coins reculés de l'univers que l'on appelle les trous noirs, où une cuillère à café de matière pèse 3 milliards de tonnes. C'est certainement ça qui me pousse à faire l'impossible, les 50 dernières pages en 3 mois (!).
Je lui dois bien ça, au vieil Hemingway... Honnêtement, je ne crois pas que l'on puisse trouver dans la littérature contemporaine, un autre texte capable de porter toute la condition humaine dans toute sa complexité et qui tienne comme ça, dans le creux de la main, tranquillement, l'air de rien, sous les traits d'une "petite" partie de pêche. A part la Bible et l'Odyssée, franchement, je ne vois pas... Ah si... Y'a peut-être « Construire un feu » de Jack London (à la rigueur...).
Ça ne m'était jamais arrivé de travailler sur un monument pareil... J'en ai parfois des vertiges, des larmes aux yeux, des sueurs froides. Un genre de truc, quelque part entre l'extase mystique et la souffrance du damné.
Bien hâte de vous livrer la chose, telle que je l'ai vécu. De vous savoir en train de la lire et éventuellement de vous entendre en parler.
Adapter ce bouquin me fait l'effet d'une illumination. Je suis terrassé par la fatigue, mais heureux...
Et si vous ne me croyez pas, ou bien si vous pensez que j'me la raconte pour me la jouer « artiste », hé bien, comment dire... Je vous emmerde (en tout bien tout honneur, bien sûr).