Capituler
Mes origines paysannes
me poussent aujourd'hui à me taire
devant toutes ces certitudes « ultra-connectées »
qui envahissent l'espace public en réseau
et qui ne sont certainement
qu'un fantasme collectif d'urbains-suiveurs-likeurs
déconnectés des entrailles de la terre.
Écrire et dessiner des livres,
c'est ma façon d'être au monde.
Et ma façon d'être au monde,
ce n'est pas de commenter l'actualité
pour faire le mariole,
ou de glaner avec un bon mot,
un quart d'heure de gloire de pacotille,
chaque jour, branché sur le grand vide du big data.
Faire œuvre de fiction, c'est respirer le réel
au lieu de l'humilier et de lui lécher le cul en flux tendu.
Et c'est toujours à l'aube ou au crépuscule,
que le monde réel doit capituler
devant la puissance des contes
et des légendes mille fois séculaires,
qui n'ont ni début, ni fin.
Ici, loin des villes, en regardant le soleil frémir sur la lande
entre la brume et le vent, personne n'est dupe.
Surtout pas moi.
– Dans mes carnets, écrire des fragments et me taire –
(photographie : Lagune dans les Landes de Gascogne / Félix Arnaudin / 1844-1921)