(Il y a un an, presque jour pour jour, je publiais ça. Ici même...)
Pendant que la « planète fille #MeToo #balancetonporc » relit Barbe Bleue et comptabilise les mains au cul qu'elle aurait oubliées au fil de son parcours intersidéral, moi je lis L'Homme Sauvage & l'Enfant – l'avenir du genre masculin – de Robert Bly (éditions du Seuil, 1992).
Et je repense aux petites filles modèles de la cour de récré de mes dix ans. Ces petites filles méchantes qui frottaient leur timide féminité à la virilité des garçons vulgaires.
En se laissant tripoter par « les autres », elles me souriaient gentiment, me laissant là, violemment sur le seuil, le cœur durablement en miettes, dans mon rôle d'éternel meilleur ami, exclu des premiers jeux érotiques.
Peut-être étais-je, à leurs yeux, trop doux, trop « poète », ou certainement pas assez « protecteur » pour attiser leur libido en construction...
Après toutes ces années, je ne suis devenu ni gay, ni rock star, ni serial killer...
Juste un môme éternel.
Aujourd'hui, les petites filles modèles postent leurs selfies, leurs hashtags « à la con », des photos de leurs chats et de leurs décos de noël sur facebook. Et moi... J'écris, je dessine et publie des livres en homme libre.
« Les petites filles modèles
Se moquaient bien de moi
Tu n'es pas connu disaient-elles
Tu n'as pas l'air d'un roi
Les petites filles méchantes
Aimaient jouer avec moi
Elles avaient une façon cruelle
De s'endormir entre mes bras. »
— William Sheller / Les petites filles modèles / 1982 —
(Gravure : anonyme / Vers 1900)