So lonely, I could die
Le 10 janvier 1956, dans les studios RCA à Nashville, Elvis enregistre cette étrange complainte. Loin des swinging fifties. Au bord du précipice. En déséquilibriste visionnaire. Toute la légende naissante de ce gamin de vingt et un ans semble prendre racine dans ce white blues des bas-fonds, comme dans un film noir ; sur cette ligne de contrebasse qui suinte le long des rideaux flétris d'une chambre d'hôtel et dans ces maigrelettes notes de piano, étincelantes dans un ciel sans étoile. On est bien loin du frétillant Blue Suede Shoes qui tourne en boucle à la radio en cet hiver 56. Et si c'est encore un peu du rockabilly old school de Memphis Tennessee, il y a surtout ce trois-fois-rien d'autre chose qui se dégage du son orageux de Heartbreak Hotel... Mais quoi ?, me demandais-je fébrilement en terminant ce dessin.
— Dans mes cartons, fragments dessinés —
(Dessin ©Thierry Murat / Magazine Pop Icons #1 / À paraître début juin 2022...)