Butinerie
Allons, marquise,
laissez-moi donc goûter
la liqueur sacrée
qui suinte aux creux
des moiteurs secrètes
de votre croupe.
— Dans mes carnets, fragments d'allitérations en creux —
(Photographie : Leo of Pradot, Paris 1920 / détail)
Allons, marquise,
laissez-moi donc goûter
la liqueur sacrée
qui suinte aux creux
des moiteurs secrètes
de votre croupe.
— Dans mes carnets, fragments d'allitérations en creux —
(Photographie : Leo of Pradot, Paris 1920 / détail)
Aux abords de ces paysages stériles,
le foutre et le sang s'agitent
dans le noir mélange
de la merde et du vent femelle
arraché aux tétines
des chiennes pyromanes.
Et il faut être diablement éclairé
pour sucer encor le jus de la lumière isocèle.
No hug, dans ce bordel.
— Dans mes carnets, fragments —
(Dans mon atelier, monotype sur papier Velin d'Arches)
— Sur mes étagères, fragments thérapeutiques /
En application cutanée, trois fois par jour : protège l'individuité
contre les névroses collectives pandémiques et sociétales /
Par voie orale : puissant analeptique, riche en fer et en potassium —
(Fabrication artisanale © T.M. / Exemplaire unique)
Au printemps 1940, dans la forêt de Katyń, près de la frontière biélorusse, dans le plus grand secret, les soviétiques enterrent dans des fosses communes les cadavres des prisonniers qu'ils viennent d'exécuter un à un au pistolet : 22 000 officiers et réservistes polonais jugés hostiles à l’idéologie communiste. Et en cette même année, ils en déporteront 60 000.
Pour la première fois, ce film raconte l’histoire de ce massacre, longtemps attribué par ruse à l’Allemagne nazie. Il dévoile comment ce crime est le résultat d’un système arrimé à trois piliers : un prosélytisme pathologique, une pratique policière redoutablement bien ficelée et un culte de la dissimulation quasi religieux.
Entre avril et août 2019, j’ai réalisé soixante-dix dessins en couleur, au format 16/9ème, à la demande de la Générale de Production pour ce film documentaire écrit et réalisé par Cédric Tourbe, qui sera diffusé mardi prochain (25 février) en prime time, sur la chaîne Arte. Les images d'archives et mes dessins se mêleront pendant une heure trente afin de rendre compte d’un des fragments les plus inhumains et les plus oubliés de l'histoire de « l'humanité »…
Je suis extrêmement fier, en ce XXIe siècle obscène et ultra connecté, qui fabrique du faux en flux tendu, d’apporter ma modeste participation au film de Cédric, dont le plus bel objectif à mes yeux est de raconter ce que, souvent par protection idéologique, on n'a jamais envie d’entendre ; c'est-à-dire la vérité factuelle.
— LES BOURREAUX DE STALINE - KATYŃ 1940
Un documentaire de Cédric Tourbe / 01h30mn /
Coproduction Arte France - La Générale de Production /
Diffusion : MARDI 25 FÉVRIER, 20h50 sur Arte —
(Dessins © Thierry Murat / La Générale de Production, 2019)
Et bien sûr, en replay sur la pateforme numérique Arte,
jusqu’au 24 avril, ici :
« Dans quelques jours le film sera prêt, déjà j’oublie le début du travail, sous le ciel de Berlin, dans les bureaux de Road Movie, ou à la pizzeria juste en bas. Il y avait ces réunions interminables pendant lesquelles, nous, les techniciens, nous essayions de comprendre ce que voulait Wim. Surtout, nous avions besoin de savoir à quoi allaient ressembler les anges ; les ailes des anges, en quoi les faire ? En plume ? En satinette ? Peut-être en plexiglas ? Ah, non, pas le plexiglas. C’est bien trop rigide, et puis, c’est moche. Mais d’ailleurs, est-ce qu’on doit les voir, ces ailes ? C’est franchement encombrant.
Le temps passait, le froid de l’hiver était tombé d’un coup sur Berlin. Oui, mais alors, est-ce que les anges ont froid ? Non, bien sûr que non. Bon, il faudra bien les couvrir. Nous notions : prévoir sous-vêtements chauds pour les anges. Et comment faire pour que la pluie ne les mouille pas ? Pour que le vent ne les décoiffe pas ? Henri Alekan, le sourcil en bataille, avait toujours mille idées. Wim nous écoutait. Il avait sommeil. Il avait encore passé une nuit blanche avec l’ordinateur qui remâchait sans fin le scénario. Nous débattions toujours quand Wim a décidé qu’il fallait commencer le tournage.
La vraie question pour lui, je crois, c’était le regard des anges, ce que voient les anges ; Berlin, les hommes, les femmes, les enfants, une petite trapéziste aussi, ceux qui désespèrent et ceux qui appellent encore à l’aide. Finalement tout est devenu plus clair. Les anges sont entrés doucement dans l’image, simplement. Ils apparaissent derrière les reflets d’un pare-brise de voiture, sont découverts à la fin d’un petit travelling. Les regards de Bruno et d’Otto, sans trucages, sans ralentis, sans surimpressions.
Dans le bureau de Wim, sur le mur, une feuille de cahier punaisée sur laquelle il avait recopié : Je marche au devant de mon image et mon image vient à ma rencontre. Elle me caresse et m’étreint comme si je revenais de prison. »
— Claire Denis, première assistante de Wim Wenders
sur le tournage des Ailes du Désir / 1987 —
— Dans mes cartons, relique du vingtième siècle /
Sérigraphie trois couleurs / Tirage (heureusement) très très très limité /
1986, année de mes 20 ans —
— Dans mes cartons, relique du vingtième siècle /
Page inédite d'une histoire de détective privé de dessert,
(heureusement) jamais terminée / 1986, année de mes 20 ans —
Je m'en remets
Désormais au travail
Aux silences
Au mystère
Caché dans l'ombre
Du dessin
Dans les secrets
De l'écriture
Et c'est que du bonheur
Comme disent les footballeurs
— Table de travail, janvier 2020, nouveau livre en cours —
L'avoir
peut rendre
acceptable
le manque
d'être.
Mais l'être
peut effacer
totalement
le manque
d'avoir.
— Dans mes carnets, notes en vrac —
(Dans mon Digital Revio, conjuguer ce qu'il reste)
Il y a 5 ans, abasourdi comme tout le monde par la déflagration de ce 7 janvier 2015, je faisais mes premiers pas sur les réseaux sociaux que j'avais boudés jusque là. Novice, j'ouvrais donc un compte facebook pour la première fois afin de regarder, écouter ce que le monde, la foule disait, ressentait à cet instant précis où la liberté d'expression venait d'être attaquée dans sa chair avec une violence inouïe. J'ouvrais ce compte facebook pour me sentir moins seul dans cette incompréhension qui allait gangrener peu à peu ce nouveau siècle, et pour essayer certainement de retrouver – comme nous tous au creux de cette empathie collective – un peu d'apaisement dans ce chaos que je croyais passager...
5 ans après, le chaos est permanent, ici où ailleurs, les censeurs et la bien-pensance moralisatrice ont changé de bord ou de camp. On brûle des livres, on interdit des concerts, des films, par voix de pétitions, de manifestations, ou de prosélytisme incessant. Et on lynche à tour de bras, au gré des émoticônes du moment.
Il est donc temps pour moi aujourd'hui de fermer définitivement, en fin de soirée, cette page connectée qui n'a plus de sens à mes yeux. En ce 7 janvier, je trouve que c'est un « beau jour » pour quitter les réseaux artificiels de la dictature de la pensée formatée.
Bonne continuation à vous.
( Je reste présent sur mon blog : http://thierrymurat.canalblog.com/ )
— Sur ma page facebook, dernier message avant autodestruction
de toutes mes connexions sur les réseaux dits sociaux / 7 janvier 2020 —
La verticalité spirituelle des religions monothéistes occidentales s'étant totalement évaporée depuis que les archevêques sodomisent les anges, il faut bien – à l'aube horizontale du nouveau millénaire – se faire accroire que l'on va réussir à apaiser les angoisses néo-existentialistes de la foule avec les bréviaires d'un nouveau catéchisme de supermarket qui crucifie les porcs en transformant la vieille littérature sulfureuse – ou toute autre forme d'art « dégénéré » – en un tout nouveau scandale ou une toute nouvelle affaire d'état qui lave encore plus blanc qu'une réclame poussiéreuse des seventies.
Dans ce spectacle du châtiment, soyons certains que cette grande lessive du siècle tout neuf nous garantisse à tout jamais la purification ultime de l'âme souillée de l'humanité. N'en doutons pas !
— Dans mes carnets, écrire des fragments de notes —
(Dessin © Fondation Alberto Giacometti, exposition Giacometti / Sade
« Cruels objets du désir », du 21 novembre 2019 au 9 février 2020, Paris 14e)
Aux creux humides
des forêts
à l'heure où s'éteignent
les clartés mille fois séculaires,
au bord des plongeons nocturnes
chevauchant les morts
et réveillant les rêves interdits
qui dansent le long
des ossements en ruine,
il y a
le charbon ardent d'un va-et-vient
à l'entrefesson
du silence.
— Dans mes carnets, écrire des fragments —
(Photographie © Matthias Heiderich / White Noise / 2011)