
Taylor Camp est peut être l'incarnation la plus parfaite de ce qu'était le mouvement hippie à la fin des années 60.

À l'origine, le camp est né du refus de Sandra Schaub et de son mari Victor de s'engager dans la guerre du Vietnam et plus généralement, du rejet des valeurs défendues par la société Américaine, de l'American way of life. Le couple n'avait d'autre choix que d'accepter la violence ou de mettre les voiles. Pauvres et sans domiciles, ils ont trouvé refuge en 1969 sur une île située au large d’Hawaï, l'île Kauai dont le frère de la célèbre actrice Elizabeth Taylor était en partie propriétaire. Howard Taylor leur a proposé d'occuper gratuitement l'un des plus beaux lieux que l'île réservait, dans un environnement tropical en front de mer.

Peu à peu, d'autres hippies et vétérans de la guerre ont rejoint le camp espérant pouvoir appliquer leurs valeurs et adopter une vie à la hauteur de leurs idéaux. Pas de problèmes, pas de politique ni d'argent, pas d'électricité pour cette communauté de personnes venues échapper aux émeutes et aux violences de la police. De simples cabanes faites de bambous et de matériaux de récupération en guise de maison, ils vivaient de la pêche et de la terre dans cet environnement idyllique en quasi autonomie même si les enfants allaient à l'école en prenant un bus scolaire à proximité.

Malgré l'harmonie qui régnait dans cette société presque autonome de 120 personnes, le camp a été dissous huit ans après sa formation. En effet, les habitants voisins du camp contestaient le fait que les hippies puissent résider gratuitement dans les plus beaux endroits de l'île, et se plaignaient de leur nudité, de vols supposés et plus généralement de leur mode de vie...

Ensuite, l'Etat a acquis la propriété de l'île, et a expulsé tous les habitants résidents à Taylor Camp avant de mettre le feu aux installations pour s'assurer qu'ils ne reviennent pas.

Aujourd'hui, en interrogeant les anciens résidents de Taylor Camp, tous disent avoir vécu ici, les plus belles années de leur vie.
Photos © John Wehrheim