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Le blog de Thierry Murat

25 janvier 2021

Believe...

americangods

La première idée forte du roman « American Gods » de Neil Gaiman, publié en 2001, est que si personne ne croit en toi tu n'existes plus. C'est l'angoisse existentielle la plus prégnante qui occupe l'esprit des anciens Dieux dans ce récit ; l'âme des croyances ancestrales qui, transportée par bateaux avec les migrants européens, finit échouée sur les terres du nouveau monde. Ils sont nombreux les anciens Dieux... À la dérive. Ils sont devenus américains mais ils sont obsolètes. 
C'est la deuxième idée forte du roman ; l'obsolescence... 
Les nouveaux Dieux, eux, sont nés avec la révolution industrielle. Ils n'existent que par l'obsolescence et grâce aux mises à jour perpétuellement orchestrées par un certain Monsieur Monde. Technical'Boy, dieu des nouvelles technologies de la communication au début du XXème siècle, deviendra Le Binaire au XXIème siècle ; un petit dieu de l'internet, psychopathe et adulescent. Média, une pseudo-divinité lookée comme une animatrice en noir et blanc de l'american TV des fifties, deviendra, dans la deuxième saison de la série, NéoMédia ; une bimbo asiatique hystérique et cruche comme un avatar de TikTokeuse. 
Friedrich Nietzsche avait annoncé la mort de Dieu. Carl Gustav Jung affirmait que les Dieux qui meurent renaissent en de nouvelles et multiples formes... Neil Gaiman n'annonce rien, n'affirme rien. Il raconte... « Dis-lui bien qu'on a reprogrammé cette réalité de merde. Que le langage est un virus, que la religion est un système d'exploitation et que les prières ne sont rien d'autre que du spam à la con ! » (chapitre 2, page 72). 

C'est brillant. Cruellement intelligent. Neil Gaiman dirige l'adaptation cinématographique de main de maître, profitant de ses visions prophétiques de 2001, écrites dans son roman, pour aller encore plus loin en 2020 avec la série. Cerise sur le gâteau ; la production se joue avec malice et ironie des codes imposés par l'époque et par les plateformes numériques de diffusion ; la désormais fameuse dictature de la diversité, des minorités sous-représentées, du genre, du sexe, du racialisme... etc. Tout cela, sans pouvoir être accusée de la moindre moquerie (ou de la moindre offense, comme on dit aujourd'hui) puisque la série utilise au pied de la lettre tous ces nouveaux codes en vigueur pour amplifier le propos de Neil Gaiman jusqu'à la caricature, tout en accompagnant la juste cause afro-américaine, sans grandiloquence mais avec une belle et lucide sincérité. Bref... Un pur régal. Le génie visionnaire à l'état brut. 


(Mise à jour du 3 février 2021) 
Seule ombre au tableau : la récente couille molle' attitude de la production qui efface purement et simplement le rôle de Marilyn Manson dans les épisodes de la saison 3, à la suite d'une plainte pour viol présumé. Dommage. C'était un beau personnage ce Johan ; star de métal gothique, disciple d'Odin... Mais n'oublions pas que nous sommes en Amérique. Et en Amérique, le petit dieu mesquin de la vindicte populaire lynche et efface les accusés avant même que la justice ait eu le temps de les juger... Comme si cette saloperie de cancel culture s'invitait sournoisement dans le scénario de la série afin de surligner la folie dystopique de ce pays et de cette époque merdique. CQFD ? 


— Dans mes carnets cinéphilosophistes, écrire des fragments — 

18 janvier 2021

Souvenir 2.0

forest

Je regarde le monde
qui n'est plus désormais
qu'un gigantesque ensemble binaire
de petites bulles inclusives, 
ruminantes d'indignations connectées, 
enfermant les individus
dans l’isolement informationnel,

et je me souviens. 

Ici en morte saison,
de loin, je me souviens
de cet état de grâce qui portait jadis
l'humanité vers un éternel désir
de frémissements. 

 

— Dans mes carnets dessinés, écrire des fragments — 

13 janvier 2021

Digression (l’art de la)

piano_déglingué

Comme me disait, au siècle dernier, un très vieux professeur de philosophie de la musique ; il n'y a finalement pas beaucoup de demi-tons à parcourir pour arriver à la tierce, la quarte ou la quinte en partant de la fondamentale. La digression chromatique n'est pas un chemin de perdition. Loin de là. Elle permet souvent de retomber habilement et rapidement sur ses pieds dans le pur respect de l'harmonie de la phrase, qu'elle soit majeure ou mineure. Et puisque la musique est un langage, ceci est aussi valable pour la discussion. 


— Dans mes carnets, fragments —
(Photographie © Emma Theobald, 2014) 

8 janvier 2021

PhiloMoustache !

mustache

« Si nous n'avions pas approuvé les arts et inventé cette sorte de culte du non-vrai, la compréhension de l'universalité du non-vrai et du mensonge que nous procure maintenant la science – cette compréhension de l'illusion et de l'erreur comme conditions du monde intellectuel et sensible – ne serait absolument pas supportable. La probité aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Or, à notre probité, s'oppose une puissance contraire qui nous aide à échapper à de pareilles conséquences : l'art, en tant que consentement à l'illusion. » 


— Friedrich Nietzsche, 1882 / « Le Gai Savoir » §107. Notre dernière reconnaissance envers l'art — 
(Dans mes carnets, philotypographisme) 

4 janvier 2021

Wandering

wanderer

Il y a plusieurs manières de régler son compte, une bonne fois pour toute, au temps qui passe.
L'errance accidentelle du regard en fait partie. Lorsque la vitre de l'habitacle en mouvement se double d'une paroi de verre tactile, l'antériorité se fige alors d'un simple coup de pouce. Et l'espace vagabond rejoint l'éternité immobile dans ces nomad's landes motorisées. 


— Dans mes carnets, écrire des fragments — 
(Dans l'iPhone8 de ma fille, du haut de ses onze ans, photographie on the road) 

1 janvier 2021

Bonne année...

voeux_2021

(... et la santé, surtout) 

24 décembre 2020

#christmas

christmas

Soupçonné d'incarner le symbole de l'impérialisme capitaliste mondialisé de l'Amazonie numérique, accusé d'être responsable de la déforestation sapinière et présumé coupable de toutes les frustrations de la populace névrotique, le Père Noël jette l'éponge et démissionne. C'est officiel.
Lynché sur les réseaux sociaux, tabassé par des hologrammes en gilets jaunes sur les parkings des supermarkets, insulté – parce qu'il n'existe même pas – par des enfants pixélisés... le jovial patriarche rouge et blanc n'assurera pas sa mission cette année et ce, jusqu'à nouvel ordre.
« Allez vous faire cuire le cul et joyeux Noël ! », a-t-il tweeté ce matin, avant de disparaître sur son traîneau, provoquant ainsi la risée générale : « Ouais c'est ça, ouais... Casse toi, boomer ! T'es qu'une fake news ! », lui ont répondu en masse les internaute·e·s, dans une avalanche de commentaires citoyens, solidaires et engagés pour un monde nouveau. « Un monde enfin débarrassé des croyances et des légendes old school à la con ! », a commenté Sophie Marceau du tac au tac, sur son TikTok. 


— C'était un communiqué de « Jusqu'Ici-Tout-Va-Bien », merci de nous avoir suivis — 

20 décembre 2020

Préambule

préambule

Avant toutes choses,
je devrais te parler de l'outil,
de la planche, des copeaux,
et du grain à moudre
qu'il faut ramasser
pour retrouver la source
vers le nouveau livre à déflorer,
la nouvelle histoire à enfanter,
en perforant la falaise

qui surplombe le bruissement des voix
alors que se croisent au même instant,
au-dessus du vide,
des images en bleu de travail. 


— Dans mes carnets, fragments — 

17 décembre 2020

LandeScape

homelandscape

— Dans mon Digital Revio, homelandes — 
(Ici, temps élargi à l'infini) 

14 décembre 2020

Le titre...

titre_Aube

Toi qui te demandes quel est donc ce nouveau livre de bande dessinée sur lequel je travaille – et retravaille – le dessin et l’écriture, sans relâche depuis presque deux ans... Sache que je te mitonne pour 2021, toujours chez Futuropolis, un des plus beaux romans graphiques de ma bibliographie.
176 pages en bichromie. Noir & gris, en tons directs. Pages de garde ; rouge sang. Plus classieux, tu meurs. Voici déjà son titre et sa date officielle de sortie en librairie. C’est déjà ça... J’espère que tu prendras cette humble confidence comme un cadeau de noël avant l’heure. En février c'est promis, tu auras – telle une épiphanie pour patienter jusqu'en avril – la couverture de l'ouvrage sous tes yeux, sur ce blog ici même. 


— NE RESTE QUE L'AUBE © Thierry Murat / éditions Futuropolis —
(En librairie le 7 avril de l’an de grâce 2021) 

9 décembre 2020

Building Universe(s)

Serra

Sur la planète Télhus, ce qui émerge des rapports des parties au tout, tant dans l’architecture que dans la nature, se construit de la manière la plus évidente depuis des centaines de milliers d'années. Les monuments traditionnels dans lesquels les Télhusiens se sentent chez eux ; les villages de quartz, les tentes mésomorphes ou les temples baryoniques, ont toujours été érigés par des sortes de shamans-bâtisseurs, spirituellement proches de ces constructions et de tout ce qui a permis de les réaliser. 
Sur Télhus, il est impossible de construire de grands monuments ou de concevoir des habitations confortables sans suivre scrupuleusement cette méthodologie tangible qui s'inspire fondamentalement des énergies formelles, naturelles et ancestrales du cosmos. Et on ne peut nier le contraire... 

— Réédition spéciale d'un fragment cosmique et prémonitoire, comme souvent sur ce blog, publié initialement ici même en mai 2020, avec un peu d'avance à l'allumage sur les événements...  — 
(Photographie : « East-West / West-East », sculpture-installation de Richard Serra / Qatar, 2014) 

7 décembre 2020

2+2=5

Luminus_1er

Jadis réservée au méchant pouvoir oligarchique totalitaro-orwellien, la célèbre équation sophiste semble aujourd'hui se démocratiser au creux de l'intrication quantique participative de nos cyber-cerveaux ultraconnectés : 2+2=5. Voilà donc que désormais le gentil bon petit peuple, usant lui aussi de solipsisme à bon marché, tente de soigner ses divines névroses collectives dans la pratique religieuse de l'arithmétique frelatée. 


— Dans mes carnets, fragments lumineux — 

5 décembre 2020

Atlas

carto

La géographie des profondeurs 
retient la verticalité du silence. 

Elle cartographie
l'affrontement cinétique des abysses,
dans une écriture
aussi incertaine que l'érosion
des montagnes de pluie. 


— Dans mes carnets, fragments — 

4 décembre 2020

Phóbos

cyberfourmis

Les fourmis cyber-connectées se donnent des leçons de morale en débats virtuels et en temps réel. Elles réinventent l'inquisition 2.0 ; le bûcher punitif et purificateur partagé en réseaux. Du bout de leurs antennes, elles consomment de la pensée mortifère dans leur exhibitionnisme pudibond. Au creux de leurs carapaces noires, elles sucent le cadavre liquide de leur libido triste et fatiguée, espérant un jour se reproduire en likant la semence stérile de leurs propres commentaires. 

— Réédition spéciale d'un fragment publié ici même sur ce blog, en septembre 2018 — 

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pour responsable de ce que je publie ici, 
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Bien cordialement, 
– La Direction – 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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(En application cutanée, trois fois par jour. 
Protège l’individu des névroses collectives et sociétales. 
Puissant analeptique, riche en fer et en potassium.)