
« L’être commencé homme s’achève abstraction. Tout à l’heure il avait du sang dans les veines ; maintenant il a de la lumière, maintenant il a de la nuit, maintenant il se dissipe. Saisissez-le, essayez, il a rejoint le nuage. Du réel rongé et disparaissant sort un fantôme comme du tison une fumée. Tel est ce monde, autant lunaire que terrestre, éclairé d’un crépuscule. Quant à la quantité de comédie qui peut se mêler au rêve, qui ne l’a éprouvé ? On rit endormi.
L’assoupissement du corps est-il un réveil des facultés inconnues, et nous met-il en relation avec les êtres doués de ces facultés, lesquels ne sont point perceptibles à notre organisme quand la bête le complique, c’est-à-dire quand nous sommes debout, allant et venant en pleine vie terrestre ? Les phénomènes du sommeil mettent-ils la partie invisible de l’homme en communication avec la partie invisible de la nature ? Dans cet état les êtres, dits intermédiaires, dialoguent-ils avec nous ? Jouent-ils avec nous ? Jouent-ils de nous ? Ce n’est pas ici le lieu d’aborder ces questions, plus scientifiques que ne le croit l’ignorance d’une certaine science. »
— Victor Hugo, 1864 / Le Promontoire du Songe —
(Dans mon Digital Revio, fragments lunaires on ze road)