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Le blog de Thierry Murat

18 août 2023

Virtual Summer

VirtualSummer

Le sable était brûlant. Des hallucinations paranoïaques prenaient feu instantanément dans nos organoïdes de synthèse à induction synchronisée. Deborah venait d'échouer brillamment au psychotest de Turing... Sa mémoire cache était en train de fondre sous un soleil de silicium. Au loin, les vagues avaient été désactivées. Moi, pendant ce temps, je commandais nonchalamment au garçon de plage non-binaire un sorbet artificiel à la crème solaire. Vanille/coco en open source. Deep it easy, baby... Deep it easy. « Est-ce ma ménopause ou bien les algorithmes du GIEC en surchauffe ? » me demanda Rebecca... 
Comme je n'avais pas la réponse, j'écrasai tendrement sur sa croupe de silicone mon sorbet artificiel vanille/coco à la crème solaire... Là-bas, sur l'horizon, la brume dansait comme un incendie. Alors, l'air de rien, je downloadai intégralement les données de la baignade en plongeant discrètement ma tête dans le sable brûlant. How deep-learning is your love, darling ? How deep ?... 

Les habitués de la plage de Linkedin ne s'intéressaient guère à la poésie supra-réaliste... Alors, afin de capter du follower, Cynthia eut soudain une idée des plus farfelues. « Et si je m'anal-pluggais un réfrigérateur ? me lança-t-elle d'un air entendu. Je pourrais ainsi profiter pleinement de mon nouveau poste de consultante virtuelle en gestion de leadership, tout en somnolant en présentiel sur le sable en fusion ! » Ne sachant trop quoi répondre à son clin d'œil entreprenant, je me déconnectai brutalement du méta-summer en prenant soin de ne pas réactiver le profil du maître-nageur sauveteur que Dorothy avait canceled en début de saison. Deep me again, honey... Deep me again. 


— Dans mes carnets, écrire des fragments de summertime — 
(Peinture digitale promptée et générée on the beach, avec un réseau neuronal artificiel © Thierry Murat / sur Midjourney) 

12 juillet 2023

Along the seashore

atlantic_city_blues

« Tonight we'll dance outside along the seashore 
A quarter moon will paint our shadows on the cold sand 
You ask me how come we dance ? 
Well there is no reason at all. » 

 

— Joseph Arthur / from the album « Big City Secrets », Real World Records © 1996 — 
( Photographie : dans mon Digital Revio, fragments d'été / homeLandes ) 

4 juin 2023

Sunday Paper

actuaBD_IA

Ceci étant dit, afin que les choses soient dites... L'interview sur ActuaBD est à lire ici : 
www.actuabd.com/initial_A. 

— Propos recueillis par Didier Pasamonik — 

25 mai 2023

(canceled)...


initial_A

 

Il m'arrive une histoire invraisemblable qui m'a complètement anéanti. 
Une histoire d’une violence inouïe…Si un jour on m'avait dit que je serais « censuré », 
je ne l'aurais pas cru. Et d'ailleurs, je n'y crois toujours pas. 

 

Mon prochain livre vient d’être annulé par le groupe éditorial qui avait signé le contrat en toute connaissance de cause, simplement parce que j'ai osé essayer ce fameux outil dont tout le monde parle, et qui défraie la chronique dans le domaine des arts, de la photo, de la vidéo… etc. : l'« intelligence » artificielle générative d’images, Midjourney. 
Ce livre de bande dessinée est une expérience artistique, en lien avec un scénario que j’avais écrit en 2020, qui raconte l'histoire d'une civilisation dévastée par la numérisation du monde, où le récit de l’humanité doit être totalement reconstruit, réinitialisé... Lier la forme et le fond dans ce conte philosophique était bien trop tentant pour que je laisse passer cette opportunité. Le réel rattrapant la fiction (ou l'inverse)… Quel ne fut pas mon enthousiasme de trouver un éditeur intelligent et emballé par cette idée, conscient, et pleinement convaincu par l'importance de publier une telle expérience artistique menée par une démarche d’auteur qui interroge notre avenir : explorer la frontière homme / machine dans un récit graphique... 

J'ai donc signé un contrat en octobre 2022 sur ce principe, avec ce grand groupe d'édition pour ce livre de bande dessinée, « initial_A. ». Un récit de science-fiction (genre que je n'avais pas encore exploré) dont la sortie était prévue à la rentrée littéraire (septembre 2023) et qui devait en toute logique faire parler de lui, au vu de l’avalanche informationnelle au sujet de l’IA. 
Oui, vous avez bien lu « qui était » et « qui devait »... Alors que les 150 pages de l'album sont terminées, finalisées, rendues en temps et en heure, alors qu'il ne reste à lancer que la correction orthographique, la fabrication et la diffusion… la direction de la maison d’édition change d'avis et annule la parution au dernier moment. Les raisons ? Pressions, intimidations, peur, déni, menaces… etc. (les spécialités traditionnelles de notre 21ème siècle ultraconnecté et sa passion d’interdire)... En tout cas, aucune raison juridique, morale ou commerciale mais simplement un bannissement à cause de l'outil utilisé, semble-t-il... 

Bref... Avril 2023, la publication du livre est annulée. Cette nouvelle est arrivée comme une bombe sur ma tête. J'étais effondré... J’ai cherché des solutions, présenté le projet ailleurs.... Mais, en vain... ou pas de réponse. Alors… comme nous sommes quelques-uns à penser que « initial_A. » doit exister, parce que c'est un bon livre, parce que je suis le premier en France à avoir tenté de réaliser une BD d’auteur avec Midjourney, cet « outil de science-fiction » qui effraie et tétanise... Parce qu’avec ce livre je pose un regard lucide et critique sur l’algorithmisation du monde et non un regard de promoteur d’« intelligence » artificielle. Et surtout, parce qu'il est inacceptable dans un pays libre de se faire effacer, censurer une œuvre sans raison réelle... Nous venons de créer le label LOG OUT accueilli, pour l'instant, par « La Maison est en carton ». 
 

logo_jpg

Le financement participatif est en ligne...
Vous pourrez ainsi voir quelques pages de ce « fameux » livre interdit et lire le récit de cette aventure éditoriale. Ou comment faire renaître de ses cendres un livre brulé dans l’œuf… comme au « bon vieux temps » de la liste Otto.
 

 

Nous avons besoin de vos soutiens ! Vraiment.
C'est ici : 

>  https://fr.ulule.com/initial_a

 

Nous vous espérons nombreux à accompagner ce projet fou mais tellement nécessaire pour, certes, reconstruire mon envie créative anéantie (on m’a fracassé les ailes...), mais aussi pour dire non à l'effacement d'œuvres, y compris celles qui nous dérangent... ! 
L'IA s’installe inéluctablement dans notre civilisation et la foule humaine ne lui fait générer pour l’instant que trop de laideur, trop de vulgaire, trop de médiocre, trop de falsification, trop de contrefaçon, trop de deepfake… Et tout cela, enveloppé dans une dangereuse nébuleuse d’ignorance... 
Cette bande dessinée « initial_A. » est un livre d’auteur qui utilise l'IA dans une vraie démarche esthétique et philosophique, qui associe le fond et la forme afin de porter un regard lucide sur notre futur. Effacer une œuvre comme celle-ci, ne résoudra pas le problème majeur de l’humanité... à savoir : sa crétinerie prémium augmentée et ultraconnectée. 

 

Nous allons donc imprimer ce livre...
et le publier ! 

 

Je compte sur vous pour partager et communiquer autour de ce projet. 
D’avance merci. 

— Thierry Murat — 

3 mai 2023

En librairie le 3 mai 2023

cervaug

En juin 2021, j’avais proposé à Miguel Benasayag de prolonger graphiquement son ouvrage « Cerveau augmenté, homme diminué » (La Découverte, 2016), dans lequel il dénonçait déjà les dérives de l’idéologie transhumaniste et abordait notamment les questions d’hybridations inévitables entre l’homme et la machine. Presque deux ans après notre première rencontre, il en résulte aujourd’hui cet entretien dessiné entre un philosophe et un auteur de bd qui analysent ensemble sur un mode généreux et complice, les dangers de la « colonisation numérique » du vivant. Loin de toute forme de technophobie radicale, Miguel et moi avons essayé au fil de nos nombreuses conversations, de déconstruire de manière lucide et argumentée cette vision postmoderne qui a conduit l’humanité à considérer son propre cerveau comme un ordinateur qu’il faudrait optimiser. Il est urgent, à l’heure où l’humanité semble faire un complexe d’infériorité face à « l’intelligence » des machines absurdes, de rappeler les différences fondamentales entre un cerveau et un disque dur, autant dire entre un oiseau et un caillou, afin de réhabiliter la singularité du vivant. La pensée de Miguel est précieuse. Notre rencontre, également... D'avance merci d'accueillir ce livre de bande dessinée comme il se doit. 

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Miguel Benasayag est franco-argentin. Il est philosophe, psychanalyste et chercheur en épistémologie. Docteur en psychopathologie et directeur de recherches en anthropologie, il a travaillé une trentaine d’années en clinique pédopsychiatrique. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, aux éditions La Découverte notamment. Certains se souviennent certainement de sa voix espiègle et matinale sur France-Culture au début de ce siècle... Ancien résistant contre la dictature militaire en Argentine à la fin des années 70, Miguel oriente aujourd’hui son travail de philosophe vers une autre forme de résistance plus globale face à la virtualisation de nos existences. Il développe une pensée de « l’agir » par et pour la singularité du vivant. 
 


 CERVEAUX AUGMENTÉS (HUMANITÉ DIMINUÉE ?) Thierry Murat & Miguel Benasayag — 
(Éditions La Découverte - Delcourt / 184 pages, format : 19,5 x 25,5 cm / ISBN : 978-2413048220 / Poids net égoutté : 800 g.) 
En librairie, à partir du 3 mai 2023 ! 

10 avril 2023

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— Dans mon digital sketchbook, fragments of times — 
(image promptée et générée avec un réseau neuronal artificiel © Thierry Murat / sur Midjourney) 

18 février 2023

Crétinerie prémium augmentée

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Depuis novembre dernier, tout le monde parle de l'IA... avec un grand « i ». Et en écoutant de loin ce brouhaha, je dois avouer que l'intelligence artificielle des machines absurdes m'inquiète assez peu. Ce qui me terrifie, surtout, c'est la stupidité bien réelle (donc non-artificielle) avec laquelle la race humaine, lobotomisée par la téléréalité et les réseaux sociaux, va utiliser ces technologies génératives de contenus textes-images jusqu'à éradiquer définitivement notre capacité à faire la différence entre fiction et réalité ; cette capacité qui est pourtant le fondement principal de notre être-au-monde depuis que nous sommes devenus des Sapiens. Nous risquons alors de perdre notre aptitude à nous raconter... Dans cette histoire, il va falloir plus que jamais que la foule réapprenne à faire la différence entre la création artistique digitale et le fake-journalisme connecté. Autant dire entre un parapluie et une enclume. C'est pourtant pas compliqué, mais bon... pour une horde de crétins postmodernes qui ne savent plus faire la différence entre une œuvre et un artiste, entre une satire et une offense, entre un dessin et un blasphème, entre une pandémie et un complot mondial, entre un vaccin et un poison, entre un raccourci et une impasse... Bref, c'est pas gagné. Depuis novembre dernier, donc, tout le monde parle de l'IA... avec un grand « i ». Les passions tristes du quotidien, connectées sur le scrolling du fil d'actu, sont partagées entre une sorte de fascination infantile et une espèce de terreur... Celle que les anciens mystiques appelaient le « mysterium tremendum ». Resurgit alors aujourd'hui la sempiternelle crainte qu'une entité supérieure – le Grand Ordinateur – ne remplace un jour la pauvre petite médiocrité humaine, crédule et influençable. S'il est admis que les machines ne pourront jamais devenir plus intelligentes que les humains (puisqu'elles n'auront jamais conscience d'elles-mêmes), en revanche, les humains vont très vite devenir beaucoup plus cons qu'une machine à calculer et encore plus serviles qu'une machine à laver. Ce n'est pas une prophétie, c'est un constat. L'anesthésie cognitive est déjà en cours d'installation sur nos brightphones depuis plus d'une décennie. Avec l'IA omnipotente, nous allons donc devoir urgemment nous coltiner la valeur du réel et surtout son absence de valeur, tout en essayant de redonner du sens à nos existences. Mais dans cet état de crétinerie augmentée et globalisée, c'est vraiment pas gagné. 


— Dans mes carnets, fragments of times — 
(Image © Thom Yorke & Stanley Donwood, 1999 - 2000) 

23 janvier 2023

#typœtry

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— Dans mes carnets misanthropes, fragments typographiques — 

21 décembre 2022

Manifeste

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J'ai toujours aimé à penser qu'un vrai livre ne pourra jamais être ni une arme ni une banderole de manif activiste, et encore moins un crime... mais plutôt une porte laissant à tout un chacun la liberté de l'ouverture. 

— Dans mes carnets ouverts, fragments — 

19 novembre 2022

Enjeu

Terre_T

« Il n'y a que des pas. Des pas derrière moi. 
En reste. 
Ici, dans l'argile encore fraîche qui m'a lié au chemin. 
Mais souvent ce mot va au feu. Très loin dans la chaleur. Dans ma voix il durcit. Alors dans l'achèvement il n'est plus qu'une tuile. Il couvre. Il préserve. Il protège. D'un autre feu.
Plus froid. » 

Ainsi commence « Terre », publié en 1997, chez Opales / Pleine Page, à Bordeaux. Le livre ultime de Thierry Metz (1956-1997). Long poème ultime. Enjeu ultime. 

 

— Photos : « Vers un poète », hommage à Thierry Metz / lecture dessinée de Thierry Murat & la Compagnie Ribambelle / à Lavardac, le 18 novembre 2022 — 

14 novembre 2022

Un kilo quatre

crétin_augmenté

Les 182 pages sont terminées. Bien rangées dans le carton à dessin. Un kilo quatre d'encre et de papier. Bientôt ce sera un livre ; le compte-rendu dessiné de mes nombreuses discussions avec le philosophe et psychanalyste Miguel Benasayag, durant toute cette année 2022. Une relecture graphique et philosophique de la pensée de Miguel et de ses écrits, où il sera question de numérisation du monde. De tyrannie des algorithmes. De virtualisation du vivant et du réel. De catéchisme technoscientiste et postmoderne. De colonisation de l’humain et de la culture par la machinerie digitale. De projets cauchemardesques initiés par les promoteurs de vies augmentées et donc… d'humanité diminuée. Un signal d’alarme. Une gifle froide… Coming soon. 


— À paraître fin mai 2023, aux éditions Delcourt / La Découverte — 

26 octobre 2022

Noir

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La rencontre des ténèbres et de la lumière a toujours célébré la vie ; le vivant... Et c'est, depuis la nuit des temps, ce que nous propose l'art dans toute sa majesté régénératrice. Le géant aveyronnais, maître de l'outrenoir, contemple une dernière fois du haut de son mètre quatre-vingt-dix les minuscules lueurs de l'humanité avant de retourner au creux de la nuit utérine. Pierre Soulages est mort hier au soir à l’âge de cent deux ans ; l'âge d'un alchimiste. Longue vie à son immortelle œuvre au noir. 

— Dans mes carnets d'automne, fragments d'octobre — 
( Encre sur papier : Pierre Soulages, 1963 / © Musée Soulages, Rodez ) 

16 octobre 2022

#typœtry

mist

— Dans mon Digital Sketchbook, fragments typoétiques — 

24 septembre 2022

Automnale

tremendum

« Dans ce goût de l'amertume, il y a la conscience de l'agitation délétère du monde, et une aptitude à résister, parfois par l'engagement, parfois par la vis comica, parfois par l'échappée, la fuite même, l'évasion, le « hors de ». Régulièrement ne pas y être, ne plus y être. Une aptitude à la furtivité. Le territoire littéraire permet de sublimer tous les ressentiments et de goûter précisément l'amertume des choses, des êtres, des idées. Mais il existe des territoires symboliques qui ne sont pas ceux de la littérature, et qui peuvent nous apporter ce « magistral » dont nous avons besoin pour ne pas sombrer. Le goût de l'amertume, développer cette faculté, nous aide à devenir des arpenteurs du monde. Parce que nous ne craignons pas ce goût, parce que nous savons l'apprécier, il augmente la densité du monde, disons plutôt notre compréhension du monde. Ce goût de l'amer est aussi une façon de guérir du ressentiment. »

— Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste / « Ci-gît l'amer - Guérir du ressentiment », éditions Gallimard, 2020 — 
(Photographie : dans mon Digital Revio, ci-gît l'été...) 

8 septembre 2022

Chroniques martiennes

chroniques

En cette fin d'été 2022, le milieu de l'art et de la création visuelle est en ébullition. Les programmes informatiques de génération d'images à partir de descriptions textuelles suscitent l'émerveillement du public branché sur la culture geek, mais inquiètent les artistes professionnels, les illustrateurs de presse, les graphistes et auteurs de comics books. Parmi cette nouvelle génération d'intelligences artificielles, on dit, ici et là, que « Midjourney » semble imposer son efficacité de calcul aux vues de résultats esthétiques époustouflants. Entre l'inquiétude des uns et l'émerveillement des autres, je m'interroge... Comme je sais par expérience que, souvent, seule l'expérience peut amener des éléments de réflexions valables, je tente donc l'expérience ; « l'observation participante », comme disent les anthropologues. Je me connecte à « Midjourney » via le serveur Discord. 1,5 million d'utilisateurs au moment où je m’inscris. C'est beaucoup, mais assez peu par rapport à la population mondiale. Et pour l'instant, c'est peut-être mieux ainsi... Souvenons-nous que « Tay », l’intelligence artificielle de Microsoft lancée en 2016 n’avait mis que quelques heures à proférer des insultes nazies après avoir passé un peu de temps à « discuter » sur Twitter avec ses 300 millions de crétins d'utilisateurs mensuels dans le monde, à l'époque. Bref... Je me lance. Je tape « planète mars ». C'est tout. Pour commencer... Et sans surprise, j’obtiens une image à dominante rouge vif, très lisse, dans un rendu pseudo-photographique, assez basique, d'une vacuité impersonnelle affligeante. Une sorte d'image piochée aléatoirement dans le chapeau d'une loterie animée par le robot Curiosity de la Nasa. Je renouvelle l'essai. Mais cette fois, je commence à recopier le début du deuxième chapitre des « Chroniques martiennes », un texte de Ray Bradbury publié en 1955 : 

« Ils habitaient une maison en piliers de cristal sur la planète Mars, au bord d'une mer vide... » 

Puis, comme dans une recette de cuisine, j'y ajoute ensuite quelques lignes de « prompt » suplémentaires afin de préciser mes intentions graphiques, en rapport avec mes critères esthétiques, mes techniques habituelles de dessin, mes outils de prédilection, mes influences artistiques... « Noir et blanc, dessin à l'encre, pinceau, contraste, gravure, vieux comics, années 50, sépia… etc. » Soixante secondes plus tard, l'image apparait lentement sur mon écran comme au fond d'un bac de révélateur dans l'obscurité d'un labo photo argentique du début du XXème siècle... Je suis un peu déboussolé car le résultat est très proche de ce que j'aurais pu produire traditionnellement sur ma table à dessin... Mais je ne sais pas si je dois être fier de moi ou admiratif de la prouesse technique de la machinerie algorithmique, ou plutôt de ses concepteurs... Au delà des inévitables bavardages stériles et indigents à propos du droit d'auteur, de la récupération de données artistiques, du « plagiat organisé et de l'enrichissement de milliardaires de la Silicon Valley sur le dos de la précarisation des artistes visuels » (sic)... Au delà de tout cela, la seule chose que je peux dire, c'est que la création de cette image a été initiée par un humain vivant (moi) grâce à la description littéraire d'un autre être humain non-vivant (Ray Bradbury) et réalisée par un supercalculateur (Midjourney) qui a cherché, trié, analysé, mixé, des milliers (des millions ?) de fragments pertinents en puisant dans l'immense stock de matières visuelles générées par l'humanité depuis le paléolithique, désormais disponibles dans les entrailles de câbles et de silicium du big data. Le résultat ; une image inédite, qui n'a jamais existé auparavant, qui n'est ni un collage, ni un plagiat. Est-ce une promesse d'hybridation coévolutive entre l'humain et l'artefact ? L'ébauche d'un monde nouveau où la fragilité du vivant impose enfin la puissance de son être-au-monde à la machine inerte afin de continuer, malgré la numérisation de nos existences, à créer de l'aléatoire, de l'inutile, du non-prédictible, de l'accidentel ? Je ne sais pas... L'optimisme béat n'est pas mon fort. Mais j'aime bien ce dessin, sa facture, son cadrage, sa désuétude, sa justesse surannée... et son histoire. 


— Dans mes carnets, fragments of times — 
(image promptée et générée avec un réseau neuronal artificiel © Thierry Murat / sur Midjourney) 

2 septembre 2022

California Dreamin’

freeway

« C’est une histoire d’amour et de mort en terre d’or, et elle commence par le pays. La vallée de San Bernardino n’est qu’à une heure de route à l’est de Los Angeles par la San Bernardino Freeway, mais à certains égards c’est un endroit étranger ; non pas la Californie côtière des crépuscules subtropicaux et des doux vents d’ouest du pacifique, mais une Californie plus rude, hantée par le Mojave juste derrière les montagnes, dévastée par le souffle sec et brûlant du Santa Ana qui s’engouffre entre les cols à 160 km/h, gémit dans les eucalyptus coupe-vent et tire sur les nerfs. Octobre est le pire mois pour le vent, le mois où il est difficile de respirer et où les collines s’embrasent spontanément. Il n’a pas plu depuis avril. Chaque voix semble un cri. C’est la saison du suicide et du divorce et de la terreur rampante, partout où souffle le vent. Les mormons se sont installés dans ce pays inquiétant, puis l'ont abandonné. Mais quand ils partirent, les premiers orangers avaient déjà été plantés et, pendant les cent années suivantes, la vallée de San Bernardino allait attirer des gens qui s'imaginaient pouvoir vivre au milieu de fruits talismaniques et prospérer dans l'air sec. Des gens qui apportèrent avec eux leurs mœurs du Midwest en matière de construction, de cuisine, de prières, et qui essayèrent de greffer ces mœurs sur cette terre. La greffe prit de curieuses façons. » 

— Joan Didion © 1966 / « L’Amérique », Chroniques / éditions Grasset — 
(Photo : vidéogramme d’après « Jerry Cotton G-man Agent C.I.A. », un pulp movie de 1965) 

10 août 2022

Ici ça va

feux

Le feu est reparti hier soir dans une cinétique terrifiante. Un feu monstre. Beaucoup plus rapide et plus violent que la dernière fois. Un incendie plus bref aussi. Mais beaucoup plus destructeur. Le cataclysme impose désormais son propre rythme. Exponentiel comme la macro-économie. Dix kilomètres au nord de la maison. Chaos. La planète fait ce qu'elle a à faire dans son continuum affolant. Dans cet éclat brulant de réalité déferlante et sans nuance. Elle se contrefout divinement de nos angoisses solastalgiques pétrifiées dans nos projets décarbonés. Les incantations névrotiques des éco-activistes et les plans d'investissements du Cac40 pour une année moins énergivore... elle s'en balek, la planète. Elle fait ce qu'elle a à faire. Maintenant. Tout de suite. Ah, au fait... Merci d'avoir pris des nouvelles, ça me touche. Ici, ça va. 


— Dans mes carnets dessinés, fragments of times — 

19 juillet 2022

Cendres

 

burningDepuis sept jours, les cartes satellites digitalisées sur les écrans de nos smartphones, nous montrent la progression des deux monstrueux brasiers « en temps réel ». L'un sur la côte atlantique et touristique du Pyla, l'autre vers les terres rurales de Landiras. J'habite au milieu. Entre deux feux. La modélisation du territoire et la numérisation du monde n'ont aucun sens, face au réel lorsqu'on s'y cogne... physiquement. Une minuscule patrouille de canadairs survolle le désastre, perdue dans l'immensité d'un ciel de flammes. Vingt mille hectares de cendres en sept jours. L'équivalent de deux fois la superficie de la ville de Paris. Pendant ce temps, à soixante-dix kilomètres au nord de l'enfer, le bobordelais est inquiet pour son urbaine santé ; les fumées résiduelles de l'incendie lointain lui « picotent » un peu la gorge. Il se rassure avec la courgette bio qui, parait-il, protège l'organisme des particules fines... Les « spectaculaires » progrès de l'IA, du deep-learning et les investissements colossaux de ces dix dernières années dans la digitalisation de l'information et des services, ne nous sauveront pas des cataclysmes environnementaux en cours et à venir. La « déréalisation » – engendrée par les relations virtuelles ayant pris le pas sur les relations sociales incarnées physiquement – empêchera les humains d'agir car ils n’habiteront plus suffisamment ni leurs corps, ni le réel. Même si la fin du monde n'aura pas lieu, elle sera instagramable et disponible en streaming sur tiktok. C'est déjà ça... 

 

— Dans mes carnets dessinés, fragments of times — 

4 juillet 2022

Nowhere around

sea-shore

« Things are exactly as they seem 
But I'm nowhere around... 
You're where I was told to go 
If I don't want to be found. » 


— Joseph Arthur / Speed of Light / from the album « Come to Where I'm From », Real World Records © 2000 — 
(Photographie : dans mon Digital Revio, somewhere in homeLandes) 

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AVERTISSEMENT :

 

 

« Je veux bien être entièrement tenu 
pour responsable de ce que je publie ici, 
mais je ne peux en aucun cas être jugé 
coupable de n'avoir pas écrit ou dessiné 
ce que 
tu aurais voulu voir ou entendre. » 

Bien cordialement, 
– La Direction – 

 





 


 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

En ce moment sur ma table de nuit :

 

 

 

 

 

 


(En application cutanée, trois fois par jour. 
Protège l’individu des névroses collectives et sociétales. 
Puissant analeptique, riche en fer et en potassium.)